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Suppression des villes : Hamady Dieng propose l’intercommunalité

Membre fondateur de l’Alliance pour la République, Hamady Dieng est le président de la Rampe et directeur de l’agence des bâtiments et édifices publics. Il donne son avis sur le débat actuel de la suppression ou non des mairies de ville, le report des élections locales et l’avenir de la majorité.

Le ministre porte parole du gouvernement a annoncé une loi pour la suppression des mairies de villes. Etes vous d’accord ou pas ?

Quand on gère un Etat, on vise trois choses: Un Etat nation, l’abondance pour les populations et la bonne gouvernance et la sécurité. La vision actuelle du pouvoir consiste à transformer le Sénégal a travers le plan Sénégal émergent. Il s’agit d’abord de poser les jalons d’une transformation qualitative de l’économie. Vient ensuite le volet ressources humaines qui est le capital humain puis la bonne gouvernance. Le président mise sur les réformes et l’ouverture. Il a compris que le système hérité de la colonisation est en déphasage dans beaucoup de domaines, surtout en matière de gestion des collectivités locales qui ont besoins de réforme. Pour offrir aux Sénégalais des occasions de participer à la gestion de leurs affaires, il fait mettre en place des mécanismes qui leur permettent de s’insérer dans cette gestion. Certes la ville est reconnue dans le cadre de l’acte 2 et suivant comme étant une commune. Mais qu’elle soit organisée en tant que collectivité locale n’est pas le problème. C’est plutôt sa viabilité qu’il faut apprécier.

En quoi la ville constitue un avantage ou un inconvénient ; un goulot d’étranglement ou un facteur de développement pour les populations ?

Voilà le problème qu’il faut poser. Après plus de 30 ans de gestion locale, nous devons réfléchir sur l’utilité des instruments que nous avons mis en place. La réflexion doit être lancée et le débat posé de sorte à ne pas être un débat politicien. A ne pas être une occasion d’éliminer un adversaire ou une occasion de régler des comptes. Il s’agit de voir si l’instrument ville en tant que collectivité, est aujourd’hui utile aux populations ou non. Suivant l’acte 3 de la décentralisation, il ne doit pas s’agir de supprimer pour supprimer la ville mais pour permettre à l’intercommunalité de se développer et favoriser la mutualisation des moyens pour les intérêts des populations. L’intercommunalité pourra trouver réponse à beaucoup de questions qui se posent et permettre aussi à l’Etat de prendre en charge certaines questions. Quelques fois, l’Etat et la ville sont en conflit sur certaines questions qui ne se poseraient pas avec l’intercommunalité. Les communes de plein exercice étant d’égale dignité, elles prendraient en charge les problèmes selon les moyens à leur disposition et l’Etat viendra en complémentarité. Sur la suppression ou pas de la ville, je n’ai pas de position tranchée sur la question mais elle mérite d’être murement posée avant toute décision. On va de report en report pour les élections locales.

Est-ce normal dans un Etat dit de droit?

Le calendrier électoral n’appartient pas à l’Etat mais au Peuple. C’est pour cela qu’on ne parle pas de calendrier gouvernemental ou de calendrier de l’assemblée mais de calendrier Républicain. Il peut y avoir des circonstances qui font que ce calendrier ne peut pas être strictement respecté, mais il faut éviter d’aller au-delà de la norme et de l’acceptable. Il faut respecter le peuple. Le dialogue national pour lequel on remercie le président de la République de l’avoir initié et tous ceux qui ont participé au nom de l’intérêt du Sénégal et des Sénégalais a réglé des points pour les élections. Encore une fois, les élus n’ont pas été élus par l’Etat mais par les populations. Même si une dérogation est compréhensible, il ne faut pas en abuser. Il faut poser les conditions qui permettront aux populations de choisir leurs représentants. Si ça n’a pas été possible en 2020, il faut nécessairement qu’il le soit en 2021 au plus tard en juin. On ne peut pas continuer à faire prévaloir la maladie du coronavirus, dont on ne sait quand est ce qu’elle va quitter, pour fixer la date des élections. Dans des pays où cette maladie est beaucoup présente, des élections s’y sont tenues. L’argument du corona ne saurait d’autant prospérer qu’au moment où on était en plein dans cette maladie, on a trouvé des formules qui nous ont permis de vivre avec le virus en le combattant sans porter d’avantage de coups à notre économie. Au nom de cette maladie qui fait plus de dégâts ailleurs que chez nous, on ne doit pas continuer à bloquer notre économie, à bloquer la démocratie et les libertés. Le Sénégal a géré la maladie de sorte à être cité en exemple. Si on va au-delà de 2021 pour la tenue des élections locales, ce sera un acte de politique politicien et non de bonne gouvernance.

Vous êtes membre du directoire de l’APR-sa non structuration vous convient-elle ?

Mon parti, l’Apr est toujours dans une situation trouble. Cela à cause d’un manque d’organisation et de structuration. Cela est incontestable que le président de l’Apr milite pour un parti fort. Mais pour qu’il soit fort, il faut qu’il soit structuré de la base vers le sommet. En s’organisant pour la structuration, on peut recourir à l’ouverture de larges concertations avec toutes les couches de la population qui sont et/ou désirent adhérer à la formation politique. Mais il n’y a pas que l’Apr qui a besoin de structuration. Après le parti ,l’entité Benno doit être structurée puis tout le camp de la majorité. Il faut qu’on comprenne que les responsables politiques n’ont pas plus d’ambition que les simples militants qui sont restés au terroir. Si nous ne rompons pas avec la méthode classique de la politique qui consiste à faire des populations à la base, de simples applaudisseurs, on n’aura rien apporté de nouveau aux Sénégalais qui considèrent le politicien comme le parfait opportuniste qui ne pense qu’à ses intérêts.

NDIOGOU CISSE (TRIBUNE)

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