INTRODUCTION
Le monde est engagé dans une course contre la montre pour repenser les modèles de développement d’ici à 2030, année d’échéance de la réalisation des 17 objectifs de développement durable des Nations Unies. Le sous-titre du Rapport de l’UNESCO sur la science, « Une course contre la montre pour un développement plus intelligent », rend bien compte de cette urgence.
Depuis 2015, la plupart des pays ont aligné leurs politiques nationales sur le Programme de développement durable à l’horizon 2030, et ont entamé une transition progressive vers des économies « vertes ». Les gouvernements renforcent le soutien politique en faveur de systèmes de production et de consommation plus intelligents. Grâce à l’amélioration du rapport coût-bénéfice des énergies renouvelables, les projets de production d’énergie « verte » se sont multipliés.
Toutefois, de nombreux gouvernements s’inquiètent encore de savoir comment concilier la préservation des marchés et des emplois avec leur engagement à l’égard de l’Accord de Paris (2015). Malgré les effets de plus en plus sensibles du changement climatique, le soutien des gouvernements et des entreprises à la transition énergétique qui s’impose reste insuffisant : en 2018, plus de 80 % de la production mondiale d’énergie reposaient sur le charbon, le pétrole et le gaz.
Parallèlement à leur transition écologique, les gouvernements font passer les services publics et les systèmes de paiement au numérique, dans le but d’améliorer la prestation des services, de soutenir les entreprises et de lutter contre la corruption et la fraude fiscale. Les politiques encouragent l’émergence d’une économie numérique, notamment la fabrication intelligente, la finance intelligente (technologies financières), les services de santé intelligents, comme la télémédecine, ou encore l’agriculture intelligente. Le sous-titre du rapport renvoie également à la forme de « développement plus intelligent » portée par les technologies numériques telles que l’intelligence artificielle (IA) et la robotique, les mégadonnées, l’Internet des objets et la technologie de la chaîne de blocs, qui convergent avec les nanotechnologies, la biotechnologie et les sciences cognitives pour former le socle de la quatrième révolution industrielle (ou « industrie 4.0 »).
Tous les pays, quel que soit leur niveau de revenu, ont entamé cette double transition écologique et numérique. La science est devenue synonyme de modernité et de compétitivité économique, voire de prestige. Elle offre aux pays frappés de plein fouet par le changement climatique l’espoir d’une meilleure résilience aux effets dévastateurs des tempêtes, incendies, sécheresses et autres catastrophes.
En revanche, les entreprises ne soutiennent pas toujours cette ambition, que ce soit par manque de motivation ou de capacités. Bon nombre d’entre elles continuent d’importer des technologies prêtes à l’emploi plutôt que de développer leurs propres solutions. Elles sont en outre souvent réticentes à collaborer avec les instituts de recherche publics. Partout dans le monde, les gouvernements imaginent de nouvelles mesures d’incitation pour favoriser le transfert de technologies, notamment en mettant sur pied des laboratoires qui permettent aux entreprises de « tester avant d’investir » dans les technologies numériques.
Afin de mener à bien cette double transition, les gouvernements devront s’engager davantage en faveur de la recherche-développement (R-D). Les pays du G20 représentent encore aujourd’hui neuf dixièmes des dépenses de recherche, de l’effectif des chercheurs, des publications et des brevets (figure 1.1). Bien que le budget de la recherche ait augmenté dans la plupart des régions entre 2014 et 2018 (figure 1.2), 80 % des pays investissent encore moins de 1 % de leur PIB dans la R-D. Dans certains cas, l’effectif des chercheurs a progressé plus rapidement que les dépenses qui leur sont allouées (figure 1.3), si bien qu’ils disposent individuellement de moins de ressources.
Pour réussir leur double transition, les gouvernements devront non seulement accroître le budget consacré à la R-D, mais aussi investir ces fonds de manière stratégique. Il leur faudra adopter une perspective à long terme et harmoniser leurs politiques économiques, numériques, environnementales, industrielles et agricoles, entre autres, de sorte qu’elles se renforcent mutuellement. Pour être cohérentes, les réformes, politiques et ressources devront toutes être orientées dans la même direction, vers le même objectif stratégique de développement durable.
En ce qui concerne les pays en développement, la double transition écologique et numérique vient accélérer un processus d’industrialisation qui demande normalement plusieurs dizaines d’années. Dans tous les pays, cette transition exige une approche intégrée de la planification à long terme et des investissements massifs dans les infrastructures.
La transformation rapide des sociétés qui s’opère ouvre des possibilités prometteuses en matière d’expérimentation sociale et économique, qui pourraient rendre la vie bien plus confortable. Elle présente, toutefois, un risque d’exacerbation des inégalités sociales et, pour les pays qui mettent en œuvre des projets d’infrastructures ambitieux, de vulnérabilité de la dette. La pandémie de COVID-19 a accentué ces deux facteurs de risque.
Jake Lewis et Tiffany Straza
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Rapport de l’UNESCO sur la science: une course contre la montre pour un développement plus intelligent; résumé exécutif
Collectivité auteur:
UNESCO [62748]
Personne auteur:
Schneegans, Susan [editor] [40], Lewis, Jake [editor] [11], Straza, Tiffany [editor] [16]
Code du document:
SC-2021/WS/7
Collation:
49 pages : illustrations
Langue:
Français
Aussi disponible en:
English, हिन्दी, Português, Español, العربية, 汉语, Русский язык, 한국어
Année de publication:
2021
Type de licence:
CC BY-SA 3.0 IGO [10330]
Type de document:
document de programme et de réunion
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