L’universitaire français français Richard Jacquemond, lauréat de l’édition 2021 du prix Ibn Khaldoun-Léopod Sédar Senghor, a reçu jeudi à Tunis sa récompense consistant en un trophée, un diplôme et une enveloppe financière.
M. Jacquemond, professeur de langues littéraires arabes à l’Université d’Aix-Marseille, a reçu son prix des mains du directeur général de l’Organisation arabe pour l’éducation, la culture et les sciences (ALECSO), Mohamed Oumd Amar, et de la directrice de la langue française à l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), Nivine Khaled. Le lauréat, un spécialiste des littératures du monde arabe ayant vécu quinze ans en Égypte, a été récompensé pour sa traduction de l’arabe vers le français du roman “Sur les traces d’Enayat Zayyat” de l’autrice égyptienne Eman Mersal, publié aux éditions “Actes Sud”, en 2021, a constaté l’APS.
L’universitaire français, qui a à son actif plus de vingt ouvrages et une trentaine d’années de recherche et de pratique de la traduction, s’est dit honoré de recevoir ce prix. “C’est la plus belle reconnaissance de mon travail parce qu’il m’est décerné par deux organisations majeures dans le monde, l’OIF et l’ALECSO”, a-t-il dit à l’occasion de la cérémonie de remise tenue à la salle de l’opéra de la Cité de la culture, à Tunis. “Il y a beaucoup de prix littéraire, mais il y en a moins pour la traduction qui est une activité invisible pas très bien reconnue pourtant très indispensable. Celui-ci est remarquable parce que c’est le seul prix respectable qui récompense la traduction”, a ajouté Richard Jacquemond, considéré comme “la voix française des plus grands auteurs égyptiens”.
Le lauréat précise ne traduire que des auteurs égyptiens, parce que l’Egypte est le seul pays qu’il a connu de l’intérieur pour y avoir vécu pendant de nombreuses années. “Pour bien traduire, il faut avoir une expérience charnelle des lieux, sinon on peut passer à côté de beaucoup de choses. C’est pourquoi je ne traduis que des Egyptiens. L’autrice, je la connais depuis vingt-cinq ans déjà”, explique-t-il. “Sur les traces d’Enayat Zayyat” est “une enquête historique, biographique très personnelle’’, publiée par l’autrice égyptienne Eman Mersal, professeur de littérature arabe au Canada, ajoute le lauréat. ’’C’est le récit à plusieurs pistes d’une poétesse touchée par le style singulier d’une romancière effacée de l’histoire. C’est un livre très réussi et particulier”, souligne Richard Jacquemond. Il note qu’il n’est pas possible de vivre de la traduction littéraire de l’arabe vers le français parce qu’il n’y a pas de marché pour cela.
“Richard Jacquemond s’est attaqué à un roman complexe et inventif sur le plan formel, car caractérisé par une distraction narrative et textuelle qui oblige à une lecture (…) Cette diversité formelle s’accompagne d’une diversité des registres de langue que le traducteur a réussi à restituer avec brio”, a commenté la présidente du jury de l’édition 2021 du prix Ibn Khaldoun-Senghor. “Une traduction réussie et celle qui nous dispense de la lecture de l’original. Richard Jacquemond est un connaisseur de l’Egypte et maîtrise parfaitement le dialecte égyptien”, a ajouté Fayza El Qassem. Elle estime que le prix Ibn Khaldoun-Senghor est l’un des rares à promouvoir la diversité culturelle et linguistique dans les sciences humaines et sociales et dans l’expression de la pensée scientifique. D’autre part, ce prix contribue à “faire connaître des œuvres littéraires exigeantes” dans les espaces francophone et arabophone, poursuit Fayza El Qassem.
Le prix Ibn Khaldoun-Senghor récompense depuis 2008 les traductions de l’arabe vers le français et du français vers l’arabe d’œuvres de sciences humaines et sociales. Il a été ouvert à la littérature en 2018. Pour l’édition 2021, le jury a reçu 18 romans et 9 ouvrages de sciences humaines et sociales, et pour la première fois, des maisons d’éditions du Golfe arabique et de la Jordanie ont concouru, selon sa présidente. Le Prix Ibn Khaldoun-Lépold Sédar Senghor a par exemple déjà récompensé le Sénégalais El Hadji Rawane Mbaye. Il a reçu en 2012 pour sa traduction de l’arabe au français du livre “Perles des sens et réalisation dans le flux d’Abû-l-‘Abbas at-Tijani” de Sidi Ali Harâzim Ibn Al-‘Arabi Barrâda.
APS
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