Je voudrais d’emblée remercier le coordonateur et le Comité scientifique pour l’initiative de cet important Symposium et le choix porté sur ma personne pour faire la présentation de ce Panel portant sur la doctrine en matière de politique étrangère du Président Macky Sall.
Parler de laMankeur Ndiaye, politique étrangère du 4 ème Président du Sénégal c’est aussi jeter un regard sur celles qui l’ont précédée pour en voir les éléments distinctifs et les points de convergence. Mais, je dois, d’ores et déjà, vous dire qu’il y a évidemment des éléments de continuité remarquables qui traversent les années des Présidents Senghor, Diouf et Wade, mais aussi des éléments différentiels au plan de la démarche. de la posture, de la touche, du plaidoyer et de l’action au quotidien. Dans notre pays, en matière de politique étrangère, il y a très peu de controverses fondamentales. La politique étrangère est un domaine délicat, complexe, sensible et souvent savant. Qui s’y frotte s’y pique. Elle se définit, de manière générale, comme un ensemble d’orientations, de choix stratégiques et d’engagements assis sur des principes et des valeurs. Elle est aussi définie comme l’instrument par lequel un État tente de façonner son environnement politique régional et international, un instrument par lequel il tente également d’y préserver les situations qui lui sont favorables et d’y modifier les situations qui lui sont défavorables. Et la diplomatie qui ne se confond pas avec la politique étrangère (ce sont deux choses différentes)se définit, elle, comme la mise en œuvre de la politique étrangère c’est-à-dire la mise en œuvre des choix stratégiques, des orientations et des engagements conçus et définis par la personne habilitée; chez nous, c’est le Chef de l’Etat qui définit la politique de la nation, donc la politique étrangère.
Le candidat Macky Sall a très tôt pris au sérieux le rôle et la place du Sénégal en Afrique et dans le monde. Il s’est attelé à élaborer son projet de politique étrangère autour d’axes bien définis. En Octobre 2011, sous le témoignage présentiel du ministre conseiller El Hadj Kassė, le Candidat Sall m’a sollicité pour une contribution à l’élaboration de son projet de politique étrangère. J’ai accepté avec plaisir. Il avait été invité par l’Institut Français des Relations Internationales(IFRI) pour présenter la politique étrangère qu’il comptait mettre en œuvre s’il était élu Président de la République. Le 29 Novembre 2011, à Paris, à l’IFRI, accompagné de M. Kassė, il présenta son projet devant l’IFRI. C’est pour dire, en passant, que M. Kassė était au début et, aujourd’hui, à la fin.
La doctrine Macky Sall repose sur des axes fondamentaux déclinés dans ce fameux discours de l’IFRI que je m’en vais vous résumer:
1-Définir et mettre en œuvre une politique de bon voisinage par une concertation permanente, des Sommets bilatéraux, des projets sous-régionaux sur la base d’intérêts communs et d’une coopération renforcée au service de la paix et du développement. Extrême importance accordée à la Gambie dans ce discours. Cette grande attention portée sur la Gambie par le candidat a été traduire par le Président en actes concrets: Départ sans effusion de sang du Président Jammeh du Pouvoir à la suite d’un revers électoral par une mobilisation diplomatique exceptionnelle de la Région, de l’Union Africaine et des Nations Unies, pacification des relations avec ce pays frère et ami depuis 7 années, avancées significatives dans le règlement de la situation dans notre région Sud, tenue de Sommets bilatéraux tous les 6 mois, alternativement à Dakar et à Banjul, réalisation d’un vieux rêve, le pont sur le fleuve Gambie. Une tout aussi grande importance attachée à la relation avec la Mauritanie: coopération renforcée(PR était en visite officielle à Nouakchott, il y a quelques jours), projet d’exploitation commune d’importants gisements de gaz sur la base d’un Accord historique de coopération inter-États portant sur le développement et l’exploitation des réservoirs du champ Grand Tortue/ Ahmeyim signé le 09 Février 2018, construction en cours du pont de Rosso. Voilà quelques exemples concrets de mise en œuvre des choix et orientations de politique étrangère du Président Sall.
2-Renforcer les capacités d’initiative et d’action diplomatique de l’Union Africaine. L’Afrique doit parler d’une seule pour peser dans les affaires du monde. Cette orientation s’est fortement illustrée durant la présidence tournante de l’Union Africaine assurée par le Président Sall en 2022. L’Afrique lui doit en grande partie son admission au G20 comme membre de plein droit.
3-Travailler à la réforme du Conseil de Sécurité des Nations Unies
Dans ce discours de l’IFRI, le candidat s’engage à soutenir la position commune africaine sur la réforme du Conseil de Sécurité( le Consensus d’Ezulwini) et à tout mettre en œuvre pour le retour du Sénégal au Conseil de Sécurité. Ce retour fut brillamment opéré en 2016/2017 à la suite d’une élection par 187 États Membres des Nations Unies sur 191 votants. Durant son mandat de 2 ans comme membre non permanent du Conseil, le Sénégal a introduit dans l’agenda du Conseil pour la 1ère fois de son histoire la thématique Eau, Paix et Sécurité et porté devant ce Conseil un projet de résolution condamnant les colonies de peuplements israéliens en Territoire palestinien occupé. L’adoption par le Conseil de ce projet de résolution a immédiatement entraîné les représailles de la part de l’Etat d’Israël: Rappel de son ambassadeur pour consultation, suspension des programmes de coopération avec le Sénégal, annulation de la visite du ministre sénégalais des affaires étrangères de l’époque, annulation de la cérémonie de présentation des Lettres de Créances de notre ambassadeur en Israël basé au Caire… Le Président n’a pas fléchi malgré les fortes pressions et menaces pour lui faire changer de position en retirant le parrainage de ce projet de résolution…Et pourtant un autre grand pays africain parrain de ce projet a jugé utile de retirer son parrainage à la suite des mêmes pressions et menaces…Cela m’amène au 4 ème grand axe
4- Impulser une diplomatie de souveraineté, de responsabilité. Les positions courageuses du Président Macky Sall sur la crise russo- ukrainienne en attestent. Aucune pression ne lui a fait changer les votes du Sénégal à l’Assemblée générale de l’ONU sur ce dossier.
5- Travailler pour l’intégration régionale et promouvoir une diplomatie de développement, une diplomatie économique: Ce Centre International de Conférence Abdou Diouf est le résultat concret de cette diplomatie économique, de même que d’autres infrastructures alentour comme le Stade Abdoulaye Wade, Dakar Arena, etc.
6- Protéger et promouvoir la diaspora sénégalaise, rendre sa participation aux Institutions effective avec une participation au Parlement. Pour la 1ère fois de son histoire depuis l’Indépendance, 15 Députés de la diaspora siègent à l’Assemblée nationale.
7- Développer et renforcer des relations privilégiées avec nos partenaires classiques comme la France, les États Unis, le Maroc et l’Arabie Saoudite
Mesdames et Messieurs, je souhaite souligner la centralité du Ministère des affaires étrangères dans la mise en œuvre de la politique étrangère du Président Sall en assurant sa coordination pour lui assurer une cohérence interne. Le Président a, à plusieurs reprises rappelé aux membres du Gouvernements et à ses collaborateurs l’exigence d’information et de saisine du ministère quand les engagements internationaux peuvent impacter sur nos actions ou nos positions diplomatiques. Je souligne cette centralité du ministère car certains critiques ont eu à parler de la “dépossession” du Ministère de certaines de ses attributions et compétences traditionnelles ou de la “déconcentration” de la formulation et de la conduite de la politique étrangère voire d’une certaine” dérive technicienne” de cette politique avec le rôle accru de certains Départements ministériels comme le ministère de l’économie et des finances. Il n’en a jamais été le cas sous le magistère du Président Macky Sall qui a toujours porté une attention toute particulière au ministère. La même attention est portée aux diplomates et à leurs conditions de travail et de vie: En exemple: l’harmonisation des traitements des salaires des diplomates et le versement d’une indemnité aux conjoints des ambassadeurs chefs de poste diplomatique.
En conclusion, sous le Président Sall, le Pays a connu un bond diplomatique qualitatif et un rayonnement international retentissant incontestable qui font du Sénégal une “petite grande puissance diplomatique”
Demain, le Président continuera de servir l’Afrique et le monde. Il est respecté sur le Continent et au-delà. Patriote ardent, panafricaniste et internationaliste convaincu, le Président Sall a beaucoup œuvré pour promouvoir un multilatéralisme rénové, pour une réforme en profondeur de la gouvernance mondiale et le repositionnement stratégique de l’Afrique.
M. Mankeur Ndiaye, Ministre, Conseiller Spécial à la Présidence de la République
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