FIN TRAGIQUE D’UN RÊVE BRISÉ DANS LE VENTRE DE L’ATLANTIQUE
UN PAYS QUI RÉDUIT CONSTAMMENT À LA PLUS SIMPLE EXPRESSION LE RÊVE DE TOUS SES JEUNES, PERD TOUTE RAISON DE RESTER SUR LA CARTE DU MONDE
De tous les coups, les plus insupportables sont ceux qui viennent de ce que nous aimons le plus. Ce Sénégal qu’il aimait tant ne l’aurait pas offert un plateau de choix pour pouvoir choisir, espérer, rester, travailler, s’épanouir et se réaliser. De tous les projets de société: le plus criminel reste l’effacement du rêve, de l’espoir sur le tableau de choix de ses jeunes. De toutes les hontes: la plus grande demeure l’échec d’un pays qui a créé toutes les conditions pour encourager la crise de l’initiative. Le premier projet d’un pays sérieux doit toujours être l’espoir, ensuite l’espoir et enfin l’espoir, parce qu’en dépit de tout; lui seul fait vivre.
Ceux qui cherchent à comprendre l’équation sans formule du phénomène de l’émigration panne destin sans se poser de questions sur les mots: rêve, espoir, pauvreté, dignité, survie et jouissance, ne méritent pas de réponses.Car, ils ont sciemment décidé de fermer leurs yeux sur ce déséquilibre alarmant et méchant entre les dirigeants et les dirigés.
Ceux qui partent ne sont ni fous, ni ignorants ni moins ambitieux que ceux qui restent, au contraire, ils réfléchissent tous; et la plupart ont passé par mille et une voix sans jamais trouver de réponses à leurs batteries de questions. Mais face à l’échec des plus brillants de la société, le triomphe des plus médiocres et la récompense des plus indignes, l’argument de rester devient de plus en plus léger et non convaincant pour ces jeunes qui sont en âge de satisfaire par eux-mêmes leurs plus petits besoins. Dans un pays où le travail ne paie pas, le mérite ne compte pas, le talent ne joue pas, ceux qui brandissent l’argument du suicide parlant de ces jeunes qui effectuent ce périple ont besoin de données factuelles pour sortir de leurs constructions fictionnelles. Ils sont tous lucides et conscients, seulement le manque de réponses à leurs questions rend disponible que le verbe partir, croyant que pour être servis, il ne faut pas rester. C’est ce que l’auteur du “Ventre de l’Atlantique” Fatou Diome, avait résumé en ces mots: “Celui qui part et qui envisage l’éventualité d’un échec peut trouver le péril absurde et donc l’éviter. Mais celui qui part pour la survie qui considère que la vie qu’il a à perdre ne vaut rien, celui-là sa force est inouïe parce qu’il n’a pas peur de la mort.”
Chaque vie est une vie, même la plus misérable mais c’est l’espoir d’un futur meilleur qui nous laisse autant que nous sommes en vie. Si ce n’était pas l’espoir d’un changement proche, d’un avancement certain, de notre épanouissement probable ou de notre réalisation, beaucoup parmi nous auraient fait les choix les plus fous, peu importe le prix à payer. Cet espoir là qui doit être l’âme de tout peuple, le pilier de toute civilisation, le socle de toute société, a été réduit à sa plus simple expression, ensuite radié et emprisonné dans ce pays qui s’appelle le Sénégal. Dans un pays où les dirigeants n’hésitent pas à enterrer le mot justice, encouragent la pauvreté tout en parrainant des dévergondés qui réussissent sans aucun effort, afin de se maintenir au pouvoir avec une envie débordante de jouissance, ce pays-là perd toute raison de rester sur la carte du monde.
Sembeen Usmaan n’avait pas tort dans son livre “Le mandat” quand il soulignait qu’: “Il n’y a que la fourberie qui paie dans ce pays”. Tous ceux qui ont choisi le chemin difficile de la vérité, en gardant jalousement leurs principes avec une raison valable de croire au destin de leur peuple, ont été broyés par la machine impérialiste en face qui prône le monnayage de convictions, la culture de l’indignité et la religion de l’argent.
Papito Kara fait partie de ces milliers de jeunes qui ont vraiment gardé leurs rêves précieux avec l’espoir de se réaliser un jour sans jamais voir leur situation chaotique bougée. Naître dans un pays où il est interdit de rêver est la chose la plus intolérable au monde, maintenant s’y ajoutent les déceptions continues sur toutes les politiques gouvernementales qui détruisent profondément cette jeunesse sans qu’elle ait le droit de murmurer, ne ce serait-ce pour se libérer, quelle dérive !!!
Papito a vécu, il s’est battu, il a tenu et il est vaincu par son propre pays qui lui a réservé un sort lamentable qui oblige à rester péri sans espoir ou faire le choix risqué de partir avec un rêve même sans certitude de sa réalisation garantie.
Il aura marqué éternellement son existence en laissant de grandes leçons à ses dirigeants.
Lamin Al’Amiin Jóob journaliste reporter chroniqueur, rédacteur Web, copywriter en langue wolof, créateur de contenus
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