Diplômé de l’Académie d’art de Florence, en Italie, l’américain Moses Hamborg vit et travaille présentement entre Los Angeles et Dakar. De passage il y a trois ans au pays de la téranga, dans le cadre d’une résidence artistique, puis de retour pour la Biennale de l’art africain contemporain de 2022, il y est finalement resté plus longtemps que prévu. Et au gré des rencontres effectuées sur place, l’artiste a réalisé la vingtaine de portraits qui composent l’exposition « All the lives imagined – Nos vies imaginées» qui se tient jusqu’au 20 juin prochain à la galerie Ourrouss.
AFFAIRE DE BAYE FALL
De tonalité réaliste, les toiles présentées par Moses Hamborg se sont construites dans l’altérité, la rencontre, la relation à l’autre. « Je suis venu au Sénégal il y a trois ans dans le cadre de la résidence artistique de Black Rock Sénégal. Puis j’ai été invité à revenir pour la Biennale. J’ai rencontré une famille qui voulait que je la peigne. J’ai fait le portrait de cette famille, je suis resté avec eux pendant trois mois et j’ai commencé à travailler sur quelques autres peintures. Puis ils m’ont invité à revenir, et je suis revenu au Sénégal où je suis resté neuf mois. En fait, chaque fois que j’ai eu l’occasion de venir au Sénégal, j’y suis retourné. Et j’ai lentement développé ce corpus de 20 peintures, la plupart étant des portraits des membres de cette famille Baye Fall. Je ne savais pas grand-chose sur le Sénégal, c’est pourquoi j’ai été très inspiré et comblé par la générosité et la diversité des expériences que j’ai pu vivre et des relations que j’ai pu nouer. Et la peinture a été un catalyseur important pour cela. Cette exposition est le fruit des deux dernières années d’immersion » précise Moses Hamborg.
Abondant dans le même sens, la curatrice, écrivaine et productrice Laetitia Walendom salue la démarche du portraitiste qui relève d’un certain contraste conceptuel. « Moses a été formé à Florence dans la tradition des Old Masters (vieux maitres), donc ceux de la Renaissance. Et on sait qu’à l’époque, c’est surtout les portraits étaient plutôt réservés aux reines, aux rois et aux personnes de cet ordre-là. Le contraste ici, c’est que l’artiste transpose cet aspect très régalien de la peinture dans la communauté, la vie de tous les jours » indique Laetitia Walendom. Elle ne manque pas de relever que les œuvres de Moses sont intégrées dans les collections permanentes du New Salem Museum et de l’Academy of Fine Art dans le Massachusetts, ainsi que de la Manifattura Tabacchi en Italie. Ses peintures font également partie des collections de Kehinde Wiley et de la collection Art in Embassies de l’ambassadeur des États-Unis au Sénégal.
TOBI ONABOLU QUESTIONNE L’IMPACT DU NUMÉRIQUE ET DE L’IA
L’exposition « All the lives imagined – Nos vies imaginées» est présentée en collaboration avec Tobi Onabolu. Né à Londres, cet artiste et écrivain qui vit de manière nomade, a sa base au Bénin. Ses œuvres ont une orientation interdisciplinaire et collaborative, elles allient notamment le cinéma, la performance, la poésie et le son. Lors du vernissage tenu samedi dernier à la galerie Ourrouss, il a présenté une performance mettant en scène des danseuses, des batteurs de tam-tam et un trompettiste accompagnant un Egúngún (masque ancestral Yorùbá rappelant le Kankourang) dystopique, paré d’un costume recouvert de matériaux électroniques. Une manière de questionner les impacts des technologies numériques et de l’intelligence artificielle sur notre quotidien et notre avenir. Il invite, aussi, à faire face aux systèmes socio-économiques hégémoniques et à la normativité culturelle.
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