Résumé
Face à un monde plus multipolaire, les spécialistes de l’économie politique internationale affûtent leurs outils pour expliquer la longue durée des institutions postcoloniales, la subordination financière internationale et la quête d’autodétermination. Dans le cadre de ces débats, cet article développe le concept de « luttes honnêtes » au sein de l’histoire postcoloniale du Sénégal et se concentre sur trois d’entre elles. En premier lieu, les tentatives de faire évoluer l’économie sénégalaise en abandonnant les cultures de rente coloniales et l’influence française, de 1960 à 1980 ; ensuite, les efforts pour faire face à la crise de la dette des pays du Sud et à la dévaluation du franc CFA de 50 %, entre 1980 et 2004 ; enfin, la lutte visant à développer l’économie sénégalaise au sein d’un tout nouvel espace fiscal et de nouvelles formes de dette externe depuis le début de l’allégement international de la dette, de 2004 jusqu’à aujourd’hui. Je m’appuie sur des données financières, ainsi que sur des interviews réalisées à Dakar et à Paris, pour affirmer que ces luttes ont débouché sur une certaine transformation structurelle. Cependant, le danger de la crise de la dette n’a pas disparu et l’autodétermination économique demeure précaire. La dépendance continue aux capitaux étrangers a atteint des niveaux records ces dernières années. La subordination financière internationale est une condition structurelle de l’action gouvernementale des pays du Sud, qui ne cesse de menacer les progrès durement gagnés en matière d’autodétermination.
Mots clés : Afrique de l’Ouest, Développement autocentré, Finances Publiques, Legs colonial, souveraineté économique
Source : University of Bayreuth – https://epub.uni-bayreuth.de/id/eprint/8063/1/Kai%20Koddenbrock%20%28Luttes%20honn%C3%AAtes%29.pdf
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