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Lutte pour la survie : La vente de sachets d’eau devient le destin de certains enfants (Par Angèle Faye)

Les petits sachets d’eau jetables sont devenus une partie essentielle du quotidien au Sénégal. Leur consommation à grande échelle est accompagnée par la présence constante des enfants sur les avenues et les bords de route en pleine circulation. Un sacrifice choisi par nécessité pour contribuer financièrement à la survie de leurs familles. Néanmoins, certains d’entre eux en font une activité pendant les grandes vacances, car très rentable.

Il est 14 heures. Le soleil s’écrase sur la capitale sénégalaise, balayant ses rues bruyantes du ronronnement des moteurs de voitures et motos, mélangé à une chaleur suffocante. Dans les ruelles, de nombreux enfants, principalement âgés de 10 à 13 ans, passent leurs journées à vendre ces précieux sachets d’eau à 50 francs. Certains d’entre eux ont renoncé à l’école pour contribuer financièrement par action à la survie de leurs familles, tandis que d’autres le font pour couvrir leurs besoins matériels durant la rentrée des classes.

Au rond-point Liberté 6, les petites vendeuses ne sont pas seules dans cette activité. Souvent, elles sont accompagnées de leurs mères, qui tiennent divers commerces tels que la vente de jus en petites bouteilles et des fruits. C’est dans ce contexte qu’Aicha Dione, une fillette de 12 ans, a fait le choix d’abandonner l’école pour se joindre à sa mère et contribuer financièrement aux besoins de leur petite famille. Elle gère la vente des sachets d’eau pendant que sa mère défile avec son jus. Aicha est souvent accompagnée de sa petite sœur Mame Marième Dione, âgée de 9 ans qui l’aide dans la vente. Le visage juvénile orné de grands yeux, elle porte une robe rouge, tenant entre les mains un seau rempli de sachets d’eau, elle explique ce qui l’a poussé à se lancer dans cette activité. « J’ai abandonné l’école pour aider ma mère qui s’occupe de nous difficilement. C’est pourquoi je vends de l’eau pour l’aider et contribuer aux dépenses, car elle a divorcé de notre père. Chaque jour je vends presque 6 paquets, car en cette période de chaleur les gens en demandent beaucoup surtout ceux qui sont dans les bus qui passent. De 8 heures à 17 heures j’entre dans chaque bus qui passe, c’est difficile mais je n’ai pas le choix », confie-t-elle pressé d’aller courir après un client.

À l’arrêt de bus poste Médina, l’agitation règne parmi les jeunes vendeuses d’eau qui se disputent les clients entre les bus. Parmi elle, Ndèye Fatou Sarr, une fillette de 13 ans au teint noir se distingue en récoltant d’un coup 150 francs qu’elle range soigneusement dans une petite pochette noire. Interrogée sur les raisons qui l’ont poussé à se donner corps et âme pour récolter un maximum d’argent, la petite fille explique : « Depuis la fermeture des classes j’ai quitté mon village pour venir travailler à Dakar. C’est une activité qui peut m’aider à couvrir mes besoins et d’alléger un peu la charge à mes parents pendant la période de l’ouverture des classes », affirme-t-elle. Selon Fatou, c’est une activité qui rapporte un peu d’argent. « Un seul paquet rapporte 650 frs de bénéfice. Je trouve cela bien car il m’arrive de vendre 7 paquets entre 8 heures et 17 heures », laisse-t-elle entendre, le sourire aux lèvres.

Angèle Faye

Tribune

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