Les réseaux sociaux dont il est difficile de contrôler les contenus ne peuvent pour cela participer à “une opinion valable citoyenne” et donc à la consolidation de l’Etat de droit, soutient le journaliste sénégalais Ibrahima Bakhoum. “Si on va dans tous les sens au niveau des réseaux sociaux, ce n’est bon ni pour l’Etat de droit et pour sa consolidation, ni pour la sécurité nationale”, a-t-il dit au cours d’un déjeuner-débat qu’il animait jeudi sur “le rôle de la presse dans la consolidation de l’Etat de droit”. Cette rencontre est une initiative du Programme pour la promotion de l’Etat de droit en Afrique subsaharienne de la Fondation Konrad Adenauer.
Selon Ibrahima Bakhoum, l’usage des réseaux sociaux n’étant pas adossé à l’éthique encore moins à la déontologie, ils créent “simplement des sensibilités pour aller dans tous les sens”. “Il faut que les journalistes se démarquent de cette forme d’informations sur les réseaux sociaux”, avec la conviction que “la liberté va avec à la responsabilité’’, dans un cadre nécessitant “également l’indépendance des médias”, a dit le journaliste. “L’Etat de droit, c’est des institutions indépendantes les unes des autres, équilibrées, surtout quand il est question de justice (…)’’, a-t-il soutenu. Il considère que s’il y a “des défaillances dans cet équilibre, dans l’exercice de l’Etat de droit, c’est aux journalistes de les montrer, d’éclairer l’opinion tout en sachant que la liberté, c’est d’abord une question de responsabilité”.
Pour Ibrahima Bakhoum, “la liberté de la presse c’est la pluralité des titres, mais une pluralité qui ne doit pas aller avec des titres partisans”. Cela veut dire que “le journaliste ne doit pas mener des combats par procuration, mais des combats citoyens, des combats pour la consolidation de l’Etat de droit”. Mais ce rôle dévolu aux journalistes dans la consolidation de l’Etat de droit peut être menacé par la précarité des professionnels des médias dans l’exercice de leur métier, ce qui en fait ’’des proies faciles face aux tentatives de corruption”, a souligné Ibrahima Bakhoum. “Nous avons laissé faire parce qu’on s’est retrouvé avec d’autres qui peuvent être des journalistes bons, bien formés, qui ont choisi d’avoir des préoccupations autres que l’information de presse et qui sont en connivence avec un ou des pouvoirs”, a-t-il relevé.
S’agissant de l’idée que la presse serait le quatrième pouvoir, Ibrahima Bakhoum réfute cette position, considérant que le journaliste peut tout au plus être crédité d’un “pouvoir d’influence peut-être plus grand que les autres pouvoirs parce qu’il façonne les opinions’’. Ce concept de “déjeuner-débat” de la Fondation Adenauer vise à “créer une plateforme d’échanges d’idées, d’expériences, d’expertises, de succès et de défis en vue de trouver des solutions pratiques et durables”.
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