Directeur de cabinet du Secrétaire d’Etat chargé des Sénégalais de l’Extérieur, Christian Assogba a donné, avant-hier, les raisons expliquant les lenteurs par rapport à l’adoption, au Sénégal, d’un document de politique nationale intégrée en matière de migration. Validé techniquement, une esquisse de politique nationale de migration est dans les tiroirs depuis 2018. Son adoption officielle se heurte manifestement à un manque de volonté politique, mais aussi à une nécessité de mise en adéquation des textes avec la réglementation internationale. Christian Assogba intervenait dans le cadre d’un wébinaire co-organisé par la fondation Heinrich Böll et le Réseau pour la migration et le développement (Remidev), avec la participation du Ministère des Affaires Etrangères et des Sénégalais de l’Extérieur et du Secrétariat du Gouvernement. La rencontre, modérée par le Pr Buuba Diop, a enregistré la participation de Moubarack Lô Directeur général du Bureau de prospective économique, et du Pr Ndioro Ndiaye, es qualités de présidente de l’Alliance pour la Migration, le leadership et le développement.
Au-delà de l’impasse politique, les retards dans l’adoption d’un document de politique migratoire nationale peuvent constituer un mal pour un bien. Le Directeur de cabinet du Secrétaire d’Etat chargé des Sénégalais de l’Extérieur indique en effet que le Sénégal peut en profiter pour mettre à jour le texte et le rendre plus actuel, notamment en intégrant, entre autres, les avancées induites par le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières adopté en 2018 par 162 États lors de la conférence de Marrakech.
Ce pacte, non contraignant, répertorie un ensemble de bonnes pratiques dont les États peuvent s’inspirer pour conduire leur politique migratoire dans le respect de leurs exigences nationales. Comme n’ont pas manqué de le souligner les participants, le retard dans le processus de validation politique de ce document stratégique est aussi dû à l’instabilité institutionnelle (décomposition et recomposition fréquentes des ministères techniques, suppression de la Primature…). De la même manière, ils font remarquer que le Sénégal devra relever un défi consistant à mettre en place et gérer un dispositif performant de collecte systématique et de production en temps réel de données migratoires pour l’aide à la prise de décision par les autorités étatiques. L’opérationnalisation de la politique nationale de migration induit, aussi, d’intégrer davantage les contributions de la diaspora sénégalaise dans les plans et programmes nationaux, sectoriels et territoriaux de développement du pays. Il s’agira également de lutter plus efficacement contre la migration irrégulière, le trafic illicite des migrants, la traite des personnes et assurer la prise en charge des victimes de traite et des migrants vulnérable. Déplorant les lenteurs, Christian Assogba souligne cependant que les acteurs concernés sont remobilisés. Les lignes devraient bouger, dit-il, en début d’année prochaine.
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