Les populations de Kabadio, un village du département de Bignona, espèrent que l’exploitation du zircon de Niafrang permettra de relever le défi du développement dans leur localité et les autres villages riverains de cette mine.
Entre autres retombées, elles attendent de l’extraction du minerais un accès au réseau téléphonique, la construction d’écoles, de routes bitumées, de structures de santé, etc.
Le village de Kabadio, situé en Basse-Casamance, fait partie de la commune rurale de Kataba 1, dans le département de Bignona. Cette localité compte environ 4000 habitants.
Lors d’un point de presse organisé en mai dernier, les villages du Fogny Diabang, dont Kabadio, avaient exprimé leur accord pour l’exploitation du zircon de Niafrang.
Les villages de Kabadio et Niafrang sont en désaccord sur l’exploitation du zircon dans cette zone de Kataba. Chacun de ces deux villages réclame le droit de propriété de la dune qui abrite le minerai.
Le site du zircon de Niafrang se situe sur un espace dunaire de six kilomètres et d’une superficie de 180 hectares. L’exploitation de ce minerai a été confiée par l’Etat sénégalais à la compagnie australienne Astron.
‘’Au-delà du tourisme, Kabadio a besoin de se développer. Et l’exploitation du zircon de Niafrang serait une aubaine pour enfin vivre de l’activité minière’’, estime le président des jeunes du village, Moustapha Kandioura Diabang.
Kabadio dispose d’un véritable trésor constitué d’une riche flore comprenant des fromagers, des manguiers, des orangers, des citronniers, des cocotiers, des palmiers, des anacardiers, etc.
Mais le plaisir de la contemplation de ce paysage luxuriant fait vite place à la tristesse dès que l’on arrive devant le cimetière des naufragés du bateau le Joola, navire qui assurait la navette entre Dakar et Ziguinchor et qui a fait naufrage au large de la Gambie en 2002.
Le village de Kabadio avait perdu 27 élèves de son école de football dans cette catastrophe maritime survenue le 26 septembre et qui a fait 1.863 morts pour 63 rescapés, selon un bilan officiel.
Un souvenir douloureux raconté par Lamine Diatta, un journaliste basé à Kabadio selon qui il est difficile de se rendre dans la zone à cause de l’état déplorable de la piste de production. ‘’La piste était bonne au départ, mais ce n’est plus que du sable’’, fait-il remarquer.
Pour se rendre dans le village, il faut parcourir environ 108 km entre Ziguinchor et Kafountine, en passant par Bignona et Diouloulou.
Avant d’arriver à Kabadio, il faut prendre un véhicule de transport en commun à la gare routière de Kafountine. Le visiteur peut aussi poursuivre le voyage en mototaxi ou avec d’autres moyens de locomotion à partir du village de Bandjikaki.
A défaut, il peut longer la plage à partir du village d’Abéné, situé à quelques kilomètres de la Gambie voisine, indique Lamine Diatta.
‘’Kabadio, premier village du Fogny’’
Kabadio est le premier village à s’être installé dans le secteur du Fogny. Les villages de Bandjikaki, Niafrang, Kounkoudian, Kata, entre autres, sont des hameaux de Kabadio, indique l’adjoint au chef du village de Kabadio, Abdoulaye Diabang. Le fondateur de Kabadio, Mansa Damel Traoré, fut ‘’l’unique roi qui a pris la couronne auprès du royaume de Gabou’’, rappelle-t-il.
On retrouve presque toutes les principales ethnies de la région naturelle de la Casamance dans ce village : peul, mandingue, diola, caronne, manjaque et balante. ‘’Kabadio est la Casamance en miniature. Toutes les ethnies sont représentées ici’’, souligne-t-il.
Chrétiens et musulmans vivent ici aussi dans une parfaite cohabitation. Les deux communautés possèdent une mosquée et une église pour pratiquer leur culte. ‘’Nous vivons en parfaite harmonie. Ici, les chrétiens et les musulmans se comprennent très bien et se respectent mutuellement’’, magnifie l’adjoint du chef de village.
Kabadio a connu un boom démographique ces dernières années, avec une population estimée aujourd’hui à 4000 habitants. Une situation due surtout à l’arrivée de travailleurs à la recherche d’emplois dans les domaines de l’agriculture et du commerce. ‘’Kabadio est un village hospitalier’’, assure Abdoulaye Diabang.
Les pistes de l’émergence
Il plaide pour l’érection, à Kabadio, d’un lycée pour assurer une bonne formation aux enfants qui font chaque jour trois à quatre kilomètres entre le village et leurs collèges. ‘’Ce sont eux qui peuplent les autres établissements secondaires dont ceux de Kafountine’’, relève Abdoulaye Diabang.
Dans le domaine de l’agriculture, il insiste sur la nécessité d’octroyer à son village des équipements modernes et des unités de transformation pour valoriser la filière mangue. ‘’Kabadio est un village typiquement agricole. On ne peut pas développer cette agriculture avec les +Kadiandou+ (instrument traditionnel). Nous voulons que notre agriculture soit mécanisée’’, souligne-t-il.
‘’Durant cette période, nos mangues pourrissent. Nous n’avons pas d’unités de transformation. Nous appelons l’Etat à aider notre village pour lui permettre d’augmenter ses revenus’’, plaide M. Diabang.
Le village de Kabadio dispose aujourd’hui d’un dispensaire privé construit par des sœurs catholiques. ‘’La plupart de nos malades sont évacués à Ziguinchor sans ambulance digne de ce nom’’, souligne-t-il.
Mais, les jeunes se mobilisent pour le développement de leur terroir en prenant plusieurs initiatives, comme la construction de deux salles de classe à l’école 2 de Kabadio. Ils ont mis en place une structure dénommée ‘’Collectif de jeunes de Kabadio’’ pour mieux défendre les intérêts des populations nécessiteuses du village. ‘’Nous œuvrons pour le développement de notre village’’, soutient leur président, Moustapha Kandioura Diabang.
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