Dans le cadre de l’affaire des 29 milliards de francs du Prodac, la Cour suprême, après examen du pourvoi en cassation déposé par les conseils du leader de l’ex-parti Pastef dissous, a confirmé le verdict en appel. Et l’on parle de l’inéligibilité d’Ousmane Sonko et par conséquent, il n’y a plus aucune possibilité pour le maire de Ziguinchor de participer à l’élection présidentielle de février prochain. La cour d’appel qui avait confirmé les 200 millions de francs Cfa de dommage et intérêt retenu par le juge en première instance, l’avait condamné à 6 mois de prison avec sursis pour les délits de diffamation et d’injures publiques. Mais Mame Mbaye Niang et le parquet n’étaient pas satisfaits de cette décision et avaient interjeté appel pour ensuite obtenir gain de cause.
Le 4 janvier, les conseils du ministre du tourisme ont crié victoire. La haute juridiction a jugé recevable le pourvoi en cassation du maire de Ziguinchor confirmant le jugement en appel mais a cassé la partie sur la contrainte par corps en déclarant aussi irrecevable l’exception d’inconstitutionnalité soulevée par les avocats de Sonko qui continuent de parler de complot d’Etat.
Et ce verdict, selon certains juristes, mettrait sans nul doute fin au feuilleton judiciaire qui aura fait partie des faits les plus saillants de l’actualité politico-judiciaire de l’année écoulée. En jouant ainsi sa dernière carte, le maire de Ziguinchor espérait quand-même que la Cour suprême casse la décision de justice.
Aux dernières nouvelles, les avocats de Sonko qui attendent la notification de la décision de la Cour suprême rendue le 4 janvier dernier, comptent introduire un rabat d’arrêt. Et comme on dit: “le temps passe mais chaque minute compte”, cela semble bien compris par les conseils du leader de l’ex-pastef qui continuent de clamer que leur client est toujours électeur et éligible. Dans un communiqué rendu public, Me Ciré Clédor Ly et ses confrères considèrent que le maire de Ziguinchor a retrouvé l’intégralité de ses droits civiles et politiques depuis le 14 décembre 2023, date à la quelle le président du tribunal hors classe de Dakar avait annulé sa mesure de radiation des listes électorales. Ce qui expliquerait que pour exclure Ousmane Sonko des listes électorales, il faudrait une nouvelle procédure de radiation suite à l’ordonnance numéro 0012023 rendue par Ousmane Racine Dionne.
Le Conseil constitutionnel a invalidé le dossier de Ousmane Sonko pour absence d’attestation délivrée par la Caisse des dépôts et consignations, en plus des fiches officielles de parrainage fournies par la Direction générale des élections qui manquent également dans son dossier. Là également, son mandataire Me Ciré Clédor Ly compte déposer un recours dès qu’il entrera en possession d’une notification en ce sens.
Mais, il est tout de même important de rappeler que la date du 4 janvier au cours de laquelle la haute cour a tranché, marque aussi l’anniversaire du parti pastef dissous et qui aurait pu souffler ses 10 bougies à cette date. Le destin en a décidé autrement mais, en neuf ans, déjà l’ex-parti des africains patriotes du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité, dissous le 31 juillet 2023 par les autorités pour mouvement insurrectionnel, actes de saccage et pillages de biens publics et privés, a réussi à se frayer un chemin et une percée fulgurante dans le landerneau politique. Aujourd’hui, malgré l’emprisonnement de leur leader, les militants de l’ex parti Pastef se battent toujours pour garder la tête hors de l’eau. Déjà, pour sa première participation à une élection présidentielle, Ousmane Sonko avec son virulent discours antisystème est arrivé 3ème derrière le président Macky Sall et le chef de file de Rewmi, Idrissa Seck en 2019. Mais sa descente aux enfers a démarré lorsqu’en février 2021, la masseuse Adji Sarr porta plainte contre lui pour viol. Une affaire qui, d’ailleurs, sera à l’origine de violentes manifestations qui auront secoué le pays pendant 2 années et se solderont par la mort de quatorze personnes.
Malgré tout ce qui s’est passé, l’amour que les partisans de Sonko ont pour leur leader en prison, est resté intact. Mais le risque de révoltes et de contestations plane présentement surtout avec le parrainage citoyen des députés de l’ex-Pastef dont vient de bénéficier le candidat à la présidentielle, Habib Sy. Lorsque l’on sait que c’est le slogan “Sonko ou rien” qui est encore scandé dans les rangs de l’ex-pastef. Le choix de Habib Sy qui n’a ni la légitimité ni la popularité en leur sein, pourrait être problématique pour cette opposition farouche qui compte toujours faire face au candidat de Benno Bokk Yaakaar.
Pure utopie pour certains et rêve brisé du leader de l’ex-parti Pastef pour d’autres mais, dans tous les cas, des incertitudes planent encore sur sa partition à jouer à la présidentielle du 25 février prochain.
Votre avis