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Il est impératif d’accompagner les secteurs pourvoyeurs d’emploi (Dr Arona Coumba Ndoffène Diouf)

Avec 35 années d’expérience scientifique, administrative et professionnelle dans plusieurs domaines, le professeur, Arona Coumba Ndoffène Diouf est un ingénieur géologue. Double doctorant en science de la géologie, l’expert qui se prononce sur la situation du pays, a conseillé en tant que ministre, les présidents Me Wade, Macky Sall. Entretien.

Que ce que vous pensez du nouveau régime. Y a-t-il rupture ou continuité ?

Après avoir félicité le nouveau régime, je dois m’inquiéter sur une situation qui devrait expliquer la faiblesse des mesures qui doivent être prises pour faire avancer notre pays. Et cela m’amène à me poser une grande question : qu’est ce qui s’est passé au Cap Manuel entre Macky Sall, Diomaye et Sonko ? Parce qu’il s’est passé quelque chose et eux-mêmes ont dit qu’il y a eu des pourparlers entre les deux parties. Ça veut dire qu’il y a eu des consensus sur des points. On peut citer la libération de Diomaye et Sonko à trois semaines de l’élection à laquelle leur participation a beaucoup impacté.

Pensez-vous que les pourparlers dépassent le simple cadre de la libération des Diomaye et Sonko ?

Il y a aussi le fait que Macky Sall ait quitté le pays, bourlinguant librement à travers le monde sous les ordres de son patron, Macron. Les Sénégalais doivent être élucidés sur ce qui s’est passé au Cap Manuel. Diomaye et Sonko n’ont pas le droit de ne pas élucider les Sénégalais sur ce qui s’est passé et qui est entrain d’impacter sur la gouvernance. A votre sortie de prison, vous avez déclaré que Macky Sall n’est plus votre ennemi. Macky que vous avez combattu et accusé de tous les maux du pays et à qui vous avez imputé la mort de plus de 80 individus est devenu comme par un coup de baguette magique, un homme blanchi par cette déclaration. Cela veut- il dire que vous vous êtes entendu sur des choses qui peuvent laver Macky Sall ? Et depuis lors on ne vous entend critiquer ni le régime de Macky Sall ni la personne elle-même.

Quelle appréciation faites-vous du bilan de Macky Sall ?

Si vous faites l’économie des 12 ans de Macky Sall au pouvoir, vous vous rendrez compte que son bilan est catastrophique malgré les réalisations qu’on lui prête. Macky Sall vous a laissé une dette de plus de 16 mille milliards qui a surpassé tous les seuils de l’Uemoa et des standards économiques internationaux. Le Sénégal est maintenant dans le lot des pays pauvres surendettés. La conséquence avec une dette 80 % du Pib, c’est que le pays aura de la peine a obtenir des rallonges avec un taux acceptable mais également, il va peiner pour attirer des investisseurs. S’y ajoute une inflation qui est également la conséquence du sur endettement. Le Sénégal est à genoux.

Vous semblez en vouloir à Macky Sall.

Macky Sall vous a laissé un pays où il est difficile de prendre des mesures contre le coût de la vie. La dette intérieure a flambé et rien ne bouge dans ce pays où les gens sont très fatigués. Nous saluons les efforts qui ont été fait sur le coût de la vie mais ils sont loin des attentes. Et tout cela est imputable à Macky Sall qui vous a légué un pays en lambeaux, déchiré socialement. Si des populations se retournent contre le nouveau régime et publie des var en pagaille, c’est parce que vous ne dites plus rien de Macky Sall qui vous a laissé son secrétaire général.

Selon vous quels doivent être les axes prioritaires pour produire de la richesse ?

Sur l’économie, il y a eu des accords d’endettements qui s’ajoutent à la dette laissée par Macky Sall. Je pense que les efforts devraient cibler la recherche de richesse interne endogène en privilégiant des actions de développement autour de leviers comme l’agriculture, la pêche, l’élevage. L’informel produit plus de 70% de la richesse du pays. Il produit plus de l’emploi que le gouvernement à travers des marchands ambulants, tabliers, boutiquiers, vendeurs de toutes sortes autour de qui circule la monnaie. Ce sont des jeunes, des femmes qui sont de vrais leviers économiques qu’il faut canaliser à travers des projets comme je l’ai expérimenté avec des forums regroupant 50 femmes et ça a porté ses fruits. Ces femmes ont aujourd’hui l’autonomie financière dans leurs propres milieux. La Der qui a été très politisée devrait cibler les faiseurs de richesse. Mais ce qu’on l’on constate pour le moment est qu’il ya pas de rupture mais de la continuité avec un régime qui a trouvé une situation qu’il ne dénonce pas.

Le Sénégal a-t-il des ressources à la hauteur de ses ambitions de développement ?

Il ne faut pas aussi trop compter dans l’immédiat sur le pétrole car les partenaires investisseurs vont se payer en pétrole. Nous avons la tourbe sur presque l’étendue du territoire qui est estimée à un milliard de m3 qui peut nous donner de l’électricité à travers des centrales à tourbe. Nous avons du sable dunaire qui contient le quartz qui fait du verre. Du phosphate. Il suffit d’une volonté politique et d’un ciblage des fonds pour exploiter ces richesses. Nous avons réussi à mobiliser en 2012 plus de 3 mille milliards pour le régime de Macky sans sortir du pays. N’étant pas intéressé par des sinécures, on peut le faire pour le nouveau régime. L’exploitation de nos ressources minières, notamment le phosphate, la bauxite qui est récemment découverte sur la Falémé, le fer, l’or devrait, occuper une bonne partie dans les programmes de politique publique pour satisfaire les besoins de la population dans les domaines de l’emploi des jeunes et l’autosuffisance alimentaire.

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