En plus d’être un véritable scandale environnemental, la pollution de la baie de Hann donne lieu à un véritable carnage financier engloutissant des sommes d’argent considérables. Au nom d’une dépollution toujours remise au gout du jour, des milliards de francs y sont déversés… sans résultat. L’on peut dès lors se poser des questions lorsque le directeur général de l’Office national d’assainissement du Sénégal annonce à grand renfort de publicité le lancement d’une nouvelle opération de dépollution en présence de Macky Sall ce vendredi 25 septembre 2020.
En novembre 2004, quatre experts envoyés par la mairie de Genève, avaient mis à contribution leur expérience avec le Sénégal pour la dépollution de la baie de Hann. A l’époque maire de la commune de Hann-Bel Air, Amadou Dia annonçait que la problématique de l’assainissement de cette zone ne serait plus qu’un mauvais souvenir pour les populations. En 2020, force est de constater que la baie est plus que jamais polluée. Elle a pourtant englouti, au cours de ces dernières années des milliards de francs Cfa, sans que le péril environnemental ne soit écarté.
Dns une note de cadrage, la Banque Européenne d’investissement précise que depuis 1920, la situation stratégique de la baie a favorisé l’implantation d’infrastructures industrielles, comme le port et plus de 60 % du tissu industriel sénégalais. Ces installations ayant été réalisées sans répondre aux normes environnementales, l’environnement est aujourd’hui fortement dégradé : de nombreux rejets d’eaux usées ou pluviales sont directement évacués dans la baie sans traitement. La Banque a financé en 2008, à hauteur de 20 millions d’euros (13 milliards et 97 millions de francs Cfa) la première opération de dépollution industrielle au Sénégal. Le projet avait pour objectif la restauration durable de la qualité des eaux de la baie de Hann, située sur la façade
orientale de la presqu’île du Cap-Vert, au nord de Dakar. C’est un lamentable échec.
Constatant que la baie de Hann, à Dakar a atteint une situation de dégradation avancée en raison du rejet direct d’effluents industriels et domestiques, l’Agence française de développement a octroyé un prêt de 50 millions d’euros (32 milliards 742 millions de francs Cfa) au Sénégal pour sa dépollution. Force est de constater que ce projet censé se dérouler entre le 19/01/2009 et 30/04/2019 est aussi un cuisant échec. Techniquement, la finalité du projet était de restaurer la qualité des eaux de la Baie de Hann en finançant les infrastructures de collecte, de traitement et de rejet en mer d’une partie des effluents qui sont actuellement rejetés directement dans la Baie. Au-delà, le projet était censé être un levier pour faire avancer la réforme en cours du secteur, introduire le principe « pollueur-payeur » à travers une nouvelle redevance pollution pour les industriels et faire évoluer les pratiques en accélérant la mise en place de prétraitements chez les industriels. On se demande où est passé l’argent de l’Agence française de développement.
Dans une étude sur la situation économique du Sénégal en 2006, l’Ansd soulignait que la baie de Hann, outre les problèmes de pollution auxquels elle est confrontée, fait face à l’érosion côtière qui a comme conséquence le rétrécissement de la largeur de la plage. Un recul de la ligne de côte 0,75 m par an est enregistré dans certaines parties de la baie.
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