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Economie de la culture : Babylas Ndiaye identifie les écueils de l’industrie du spectacle

Du 10 au 31 décembre 2010, le Sénégal baignait dans l’effervescence de la troisième édition du Festival mondial des arts nègres (Fesman). Un événement à la programmation riche qui faisait du pays de la téranga une place forte de la culture à l’échelle internationale. Régisseur de spectacle, Babylas Ndiaye se souvient de la valeur ajoutée induite par cet événement multipolaire. Il émet des pistes de réflexion pour que le Sénégal installe une tradition d’excellence et d’engouement populaire autour de l’événementiel, que ce soit à l’échelle nationale ou internationale. Babylas Ndiaye s’exprimait à la salle Alpha Wally Diallo de la maison de la culture Douta Seck qui a abrité la troisième session du salon journalistique Ndadje initié par le Goethe Institut Sénégal. Cette session, sous forme de conférence-formation pour renforcer la capacité des journalistes culturels, avait pour thématique « Etat de la diffusion musicale-le cas des festivals en Afrique de l’Ouest ». Fondateur et administrateur de Arts Et Culture Consulting, Babylas Ndiaye est directeur artistique du festival Xeman Jong Fa Fadiouth. Coordonnateur artistique du projet Deedo, une division de Def Jam Africa, il est également le régisseur général du Circuit Manding qui rassemble le Masa d’Abidjan, les Nuits Atypiques de Koudougou, le Djeguele Festival de Boundiali et le festival sur le fleuve Niger de Segou. Fort de son expérience, il estime que le Sénégal doit pouvoir initier une meilleure diffusion de la musique, notamment au plan scénique et au plan commercial. Il faudrait, de son point de vue, revoir le modèle économique en vigueur pour permettre aux promoteurs d’avoir une assiette financière suffisante pour engager des projets d’envergure. Sans le sponsoring et le parrainage, constate-t-il, plus d’un festival mettraient la clé sous le paillasson. La faute notamment à l’absence de ressources que l’on peut tirer de la billetterie. Cela est devenu une constante : le public rechigne à mettre la main à la poche pour assister à des spectacles, à tel point que des artistes s’enorgueillissent de remplir le Grand Théâtre National qui, tout compte fait, ne fait que 1800 places. Ce n’est rien, dit-il, comparé au festival de Ségou qui draine pas moins de 30 000 festivaliers en cinq jours, avec pas moins de 80 spectacles proposés au public. Au Sénégal plusieurs festivals sont organisés chaque année, mais ils peinent à avoir un cachet populaire comparable à ce que l’on peut voir dans plusieurs pays de la sous-région ou encore du Maghreb Il importe de revoir l’environnement socio-économique concernant les industries culturelles et créatives pour atteindre le plein potentiel du pays de la téranga. Cela passe, entre autres, par une plus grande implication des collectivités locales, un renforcement du plateau technique, une meilleure structuration de l’agenda culturel ou encore une valorisation accrue de la diversité culturelle. Malgré les difficultés inhérentes à l’économie de la culture, les festivals sénégalais disposent d’une large marge de progression. Ils peuvent avoir une valeur ajoutée conséquente en termes de création de richesse mais également en termes de promotion de la destination Sénégal.

Source : Tribune

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