Double championne olympique, triple championne du monde et quintuple championne d’Afrique, Caster Semenya a perdu, ce 8 septembre 2020, de perdre une nouvelle bataille juridique face à la Fédération internationale d’athlétisme (World Athletics). La justice suisse a rejeté un recours déposé par la championne olympique contre le règlement de la Fédération internationale d’athlétisme. Celui-ci prévoit que les coureuses dont le taux de testostérone est inhabituellement élevé doivent le faire réguler pour être autorisées à concourir sur certaines distances.
C’est la suite d’un long combat débuté peu après des Mondiaux 2009 durant lesquels la Sud-Africaine, alors peu connue, avait écrasé la concurrence sur 800 mètres, à la surprise quasi-générale. Cette victoire à Berlin avait alors ravivé un vif débat sur le sport et le genre, aux carrefours de la santé, de la politique et de la philosophie.
La native de Pietersburg produit naturellement, comme d’autres avant elle, un taux de testostérone inhabituellement élevé. Or, l’ex-IAAF exige depuis avril 2018 que les sportives présentant des différences de développement sexuel (Dsd) concernées fassent chuter ce taux pour être autorisées à disputer des courses sur toutes les distances allant du 400 mètres au mile (1609 mètres). Une décision qui avait notamment privé l’intéressée des Mondiaux 2019 au Qatar et susciter les foudres de l’Organisation des nations unies (ONU), l’agence ONU Femmes y voyant un risque de « violation des droits humains » et « un chapitre sombre dans l’histoire du sport ».
De son côté, la Cour suprême suisse assure avoir fait prévaloir « l’équité des compétitions » comme « principe cardinal du sport », au motif qu’un taux de testostérone comparable à celui des hommes confère aux athlètes féminines « un avantage insurmontable ». Elle a ainsi confirmé la décision prise en mai 2019 par le Tribunal arbitral du sport (TAS), l’instance suprême en matière de litiges sportifs. Le TAS avait déjà estimé que les athlètes comme Caster Semenya tiraient un avantage trop important de leur prédisposition.
Après la décision de la Cour suprême suisse, Caster Semenya s’est défendue avec force : « Je suis très déçue par cet arrêt, mais je refuse de laisser World Athletics me droguer ou m’empêcher d’être qui je suis. » Elle a en outre indiqué son intention de saisir « tous les recours nationaux et internationaux ». Mais, dans les faits, la Sud-Africaine semble avoir épuisé les principales voies juridiques possibles.
À l’heure actuelle, deux options s’offrent à elle selon Rfi pour tenter de disputer les Jeux olympiques 2021 de Tokyo : accepter de suivre le régime médicamenteux réclamé par World Athletics – ce qui paraît évidemment exclu – ou tenter sa chance sur une distance non-concernée par ce règlement qui fait polémique. Le 13 mars dernier, elle avait ainsi indiqué son intention de s’aligner sur 200 mètres.
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