Boubacar Sadio estime que les écarts constatés dans les rapports entre les forces de l’ordre et les citoyens relèvent plus d’un déficit dans l’encadrement des troupes que d’une mauvaise formation. Invité de L’Essentiel sur Sen Tv, le commissaire divisionnaire de police à la retraite a plaidé en faveur d’une réorientation managériale pour améliorer la qualité des interventions. “On parle de cas isolés certes mais avec la multiplication de cas isolés, leur récurrence et leur fréquence, ça va donner l’impression qu’il y a un sentiment de généralisation des dysfonctionnements. Il y a également un problème d’encadrement des éléments sur le terrain. Je ne veux pas trop entrer dans le détail mais je crois que quelque part aussi il faut que les gens s’organisent pour qu’au niveau de la police il y ait davantage d’encadrement des éléments qui sont sur le terrain” souligne le commissaire Sadio.
Contrôle social…
Le commissaire Sadio préconise aussi une meilleure formation continue des policiers. “Il faut reconnaitre que les policiers ont une très bonne formation initiale. Ce dont il faut se plaindre c’est le déficit de formation continue. A l’école de police on vous donne les rudiments de l’arsenal cognitif dans ses trois dimensions : savoir, savoir-faire, savoir-être. Et il y a des gens qui, de leur sortie de formation à l’école de police à jusqu’à leur retraite, ne bénéficient d’aucune autre formation. La police est nécessaire, aucun pays ne peut se passer de la police et de la force publique. D’ailleurs en matière de droits de l’homme on dit que la garantie des droits humains et du citoyen nécessite la présence et la création d’une force publique. Elle est nécessaire et elle est là pour jouer son rôle éminemment important dans le contrôle social qui est un processus destiné à garantir la compatibilité de nos conduites par rapport aux normes qu’on a établies, pour qu’au sein d’une collectivité, d’une société qu’il y ait un dénominateur commun nécessaire pour la cohésion et le fonctionnement » dit-il.
Héritage colonial
Le commissaire Sadio laisse entendre, en outre, que la police sénégalaise est héritière de la police coloniale. Selon lui, « il y a une sorte d’atavisme résiduel qui persiste jusqu’à présent et qui est perçu dans le comportement des policiers sénégalais ». « A l’époque coloniale les policiers étaient là, et ils étaient utilisés par les colons pour brimer les populations. Donc il y avait un rapport de dominé à dominant et ces policiers étaient recrutés essentiellement parmi les populations, ils étaient utilisés effectivement pour exercer des sortes de brimades envers leurs frères, envers leurs parents. Et il y avait une certaine animosité qui est née entre ces populations et ces policiers là, et cela a continué » constate Sadio. Il note toutefois qu’il y a eu des changements au fil du temps de changements dans les rapports entre les pouvoirs publics et les populations. « Il y a également aussi la valorisation et la promotion des droits humains qui font que les gens sont davantage des droits qu’ils ont par rapport à ces forces de l’ordre là » souligne-t-il.
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