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Biennale de Dakar : Achille Adonon, Éliane Aïsso et Éric Mededa font l’autopsie d’un misanthrope

Artistes béninois membres et fondateurs du collectif Sac O Dos, Achille Adonon, Éliane Aïsso et Éric Mededa prennent part à la quinzième Biennale de l’Art Africain Contemporain qui se tient à Dakar jusqu’au 7 décembre prochain. Ils présentent, au troisième étage du Grand Théâtre National, l’exposition intitulée « Autopsie d’un misanthrope » dont le vernissage s’est tenu vendredi dernier. Au-delà de leur dimension esthétique remarquable, les peintures et sculptures exposées tendent à ouvrir des pistes de réflexion sur le monde, ses dérives et ses espoirs.  Dans une perspective cathartique, il s’agit de pousser le spectateur à se questionner sur ses propres rapports à l’autre, à l’injustice et à la souffrance.  Comme le dit Eveline Diatta Accrombessi, commissaire de l’exposition, « ce projet audacieux s’attache à déconstruire les illusions d’un monde où l’individualisme semble prendre le pas sur la solidarité et où les fractures sociales ne cessent de se creuser ». Parmi les trois artistes exposants figure Achille Adonon, lauréat du prix sculpture à la Biennale de Dakar en 2022. Peintre, sculpteur, dessinateur, installationniste, et producteur de documents photographiques, les ressorts cognitifs occupent une place focale dans son œuvre. « En penseur des réalités restrictives, je m’intéresse à l’Humain, cet esclave éternel : esclave de son quotidien, de son histoire, de son environnement, de sa condition d’être humain, de sa pensée, de sa manière de voir le monde, de son intellect, de ses prisions physiques, et psychiques » explique-t-il. Éliane Aïsso s’inscrit pour sa part dans une démarche de communion avec les origines, les ancêtres. Son œuvre, qui mêle dessin, peinture, photographie et installations, est une exploration sensible de la diversité culturelle et de l’identité. « Je fais de mes traditions le creuset à partir duquel s’ouvre une porte sur le monde. Une porte à partir de laquelle j’invite d’autres cultures à partager la mienne » explique l’artiste qui ne manque pas de questionner la mémoire, l’héritage et la transmission. Également membre du collectif Sac O Dos, Éric Mededa  est peintre et performeur. Son œuvre est d’abord picturale. La misanthropie y prend les traits d’un travail autour du moi. A travers des autoportraits, il questionne   les notions d’histoire, et d’identité. Évoquant sa démarche artistique, Mededa explique qu’il dépeint des clichés, des histoires enfouies dont l’essence réside dans les fantômes du quotidien. Il ne manque pas d’évoquer l’éveil, « The wake », qui est le thème de la quinzième biennale de Dakar et le fil rouge de l’exposition « Autopsie d’un misanthrope ». L’éveil reviendrait, à ses yeux, à prendre connaissance de ce qui a fait germer les graines de la misanthropie chez l’humanité.

Mohamed Ndjim

Tribune

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