Connu par définition pour être un centre dans lequel sont élevés des étalons et des juments de haute valeur génétique, destinés à la reproduction, le Haras national écrit lentement mais sûrement son histoire. Jadis peu connu, il est depuis quelques années de plus en plus approché par les acteurs de la filière chevaline pour ses prestations d’une part et d’autre part pour les succès qu’il ne cesse d’engranger d’année en année.
En effet, la dernière région à exprimer le besoin de bénéficier des prestations du Haras national est Matam. D’ailleurs, du 10 juillet au 10 août prochain, la commune de Nabadji Civol, dans le département de Matam, abritera un camp d’insémination artificielle dont l’objectif est de permettre aux éleveurs de cette localité du Nord du Sénégal et ses environs d’avoir accès à des ressources génétiques de qualité, a annoncé votre canard le Vétérinaire-Lieutenant-Colonel Mamadou Barro, par ailleurs Directeur général du Haras national, implanté à Kébémer dans la région de Louga.
Enclencher la dynamique d’amélioration génétique de la race chevaline de la région de Matam
Lors d’une réunion préparatoire, tenue le mercredi 21 juin dernier à Nabadji Civol, le Vétérinaire-Lieutenant-Colonel avait indiqué que « le Haras national travaille depuis des mois avec le président du GIE courses hippiques de la région de Matam, Aliou Thiam, en vue d’installer un camp d’insémination artificielle dans cette localité pour faciliter aux éleveurs l’accès à des étalons pur-sang ». Ainsi, le Haras national va faire venir à Nabadji Civol des reproducteurs de haute valeur génétique, des techniciens et tout le matériel nécessaire, pour procéder à des activités d’insémination artificielle. A ce titre, le Docteur dira : « Après la mise en place du dispositif, des sites satellites seront érigés à Nguidjilone et à Bokidiawé pour y regrouper des juments afin d’éviter un afflux massif vers Nabadji ». À l’en croire, « les techniciens qui seront basés à Nabadji Civol vont en même temps effectuer les déplacements nécessaires après avoir procédé à la récolte de la semence des étalons et à leur préparation pour aller sur ces sites et répondre aux besoins des éleveurs ».
Les instructions de Monsieur Amadou BA, Premier Ministre, Ministre de l’Élevage et des Productions animales
Autant dire que c’est l’Etat du Sénégal, conscient du rôle socio-économique du cheval, qui a mis en place cette infrastructure qui consacre une vision, celle de lancer la dynamique d’industrialisation du cheval. « Le cheval est une industrie en fait », résume le Docteur Mamadou Barro qui n’a pas manqué de souligner le soutien constant et l’attention particulière de Monsieur le Président de la République à la filière équine dont il œuvre pour son essor. « Il faut rappeler que le cheval constitue une niche d’emplois et d’opportunités pour notre pays ». C’est pourquoi, après en être informé, Monsieur le Premier Ministre, Ministre de l’élevage et des Productions animales nous a enjoint de prendre toutes les dispositions utiles pour que ce camp d’insémination artificielle équine soit un succès au bénéfice des éleveurs et propriétaires de chevaux de la région de Matam », dira-t-il.
Lorsque le Haras national étend ses tentacules
En effet, le déploiement du Haras national dans le Nord du pays rentre dans le cadre de l’expansion de ses activités. A l’instar des éditions précédentes tenues à Taïf (région de Diourbel), à Diarrère (Fatick) et à Boulal (Louga), il s’agit, selon son Directeur général, de délocaliser, en miniature, le Haras en amenant des étalons pur-sang qui vont rester sur place pendant un mois en compagnie des vétérinaires ainsi que toute la logistique (alimentation des chevaux, microscopes, échographes…).
Les femmes dans le secteur : Chose rare et porteuse d’espoirs
C’est pourquoi le Vétérinaire-Lieutenant-Colonel Mamadou Barro n’a pas manqué d’inviter les éleveurs de la région de Matam à venir répondre massivement à l’appel du Haras national, « afin d’enclencher cette dynamique d’amélioration génétique de la race chevaline dans la région ». Il a ainsi salué l’enthousiasme et l’engagement des acteurs de la filière qu’il souhaite appuyer afin que cette initiative inédite soit une réussite dans la zone. D’ailleurs, constatant une forte présence des femmes dans le secteur, le Vétérinaire leur dira : « Au sortir de la réunion, on s’est rendu compte que de nombreuses femmes s’activent dans l’élevage des chevaux. En fait, avec l’approche genre que l’Etat du Sénégal promeut, nous les invitons à inscrire leurs juments dans le programme. Elles pourront ultérieurement avoir des métisses qu’elles auront la possibilité de vendre à des prix très intéressants. Cela leur permettra d’avoir des activités génératrices de revenus à travers par exemple la vente de poulains qui seraient issus des croisements. Ainsi chaque année, une jument inséminée peut avoir la chance de produire un poulain et cela pourrait constituer une source constante de revenus pour elles ».
Le palmarès glorieux du Haras national …et ses missions
Toutefois, il faut dire qu’il a fallu beaucoup de temps au Haras national pour en arriver à ce niveau ô combien important dès lors qu’il était peu connu du public il y a de cela quelques années. Consacré par le décret n° 2004-112 du 10 février 2004 portant sa création, son organisation et son fonctionnement, le Haras national est un établissement public à caractère administratif, placé sous la tutelle du Ministère de l’Élevage et des Productions Animales. D’un coût global de 4 671 125 093 F CFA, cette infrastructure de dernière génération implantée à Kébémer a été réalisée sur fonds propres de l’État du Sénégal sur une assiette foncière vaste de plus de 250 hectares. Elle vise le développement de l’élevage des équidés et les activités liées au cheval. Pour cela, l’amélioration génétique de la race, la promotion du bien-être du cheval et la formation constituent ses principales activités. Dans ses écuries, le Haras national abrite plus de quinze (15) étalons pur-sang de haute valeur génétique dont trois (3) de groupe. Il emploie cinquante-quatre (54) agents.
Plus de quinze (15) étalons pur-sang de haute valeur génétique dont trois (3) de groupe
Aux dernières nouvelles, le Haras national compte 16 étalons pur-sang anglais de haute valeur génétique en service dont 3 de groupe, 113 campagnes d’insémination artificielle menées dans les régions de Louga, Thiès et Diourbel, 08 camps d’insémination artificielle de 45 jours effectués à Taïf, Richard-Toll, Diarrère et Boulal, 5491 juments identifiées et inséminées, 2405 poulains métis produits pour une valeur estimée à 1 803 750 000 F CFA (prix moyen d’un poulain 750 000 F), 1213 chevaux consultés et traités gratuitement à travers des campagnes de consultation équine, plus de 90 étudiants accueillis et encadrés.
Qui est « Kalvos », cet étalon pur-sang anglais qui fait la fierté du Haras national ?
D’ailleurs, parlant des succès qu’a connus le Haras national, on ne peut manquer de citer « KALVOS », cet étalon pur-sang anglais, fruit de la coopération entre le Haras national et le Haras du Quesnay (France), classé meilleur géniteur de la saison hippique 2023 à travers son poulain « LAMTORO » dont le cumul des gains se chiffre à 4 900 000 F CFA chez les poulains de deux ans (PDA).
Au-delà de ses activités purement scientifiques et techniques, le Haras national, qui compte 4 partenaires stratégiques dont 3 à l’étranger (Maroc et France), envisage, dans le chapitre des perspectives, de développer des activités de tourisme équestre, de créer des antennes régionales, de disposer d’un centre de formation aux métiers liés au cheval et de moyens logistiques tels que la disponibilité des camions hippomobiles pour faciliter le déplacement des chevaux dans le pays. Ce, pour diversifier les sources de revenus de l’établissement. Car, toutes les prestations qu’il offre sont faites à des prix forfaitaires pour encourager et permettre aux éleveurs d’en bénéficier encore davantage.
Comment bénéficier des prestations du Haras national
D’ailleurs, si besoin en était, il faut juste rappeler qu’il y a quatre cas de figure qui sont possibles pour que le Haras national offre ses services à nos communautés. Pour les propriétaires de juments qui sont autour du Haras national, ils ont la possibilité de venir quotidiennement bénéficier de leurs prestations, selon le Lieutenant-colonel Barro. L’autre possibilité est pour les propriétaires de juments qui sont on ne peut plus éloignés de la galaxie du Haras et qui peuvent tout de même contacter les services de l’établissement pour ensuite avoir l’option d’envoyer leurs juments qui seront en pension dans le Haras national. Selon le Docteur Barro, « elles recevront tous les soins nécessaires, jusqu’à la confirmation de leur gestation après un diagnostic par échographie, avant leur retour chez leurs propriétaires ». Les deux autres schémas nécessitent des déplacements des techniciens du Haras national. Pour le premier cas appelé « campagne d’insémination », c’est lorsque le Haras national procède à la récolte de semences d’étalons, à leur préparation et à la fabrication de doses d’insémination puis à leur transport vers des localités relativement proches pour y inséminer des groupes de juments avant de se replier le même jour à Kébémer. Le dernier schéma dénommé « camp d’insémination artificielle » est celui que les services du Vétérinaire-Lieutenant-Colonel Mamadou Barro envisagent de réaliser à Matam. C’est créer un Haras national en miniature dans une zone assez reculée dont les éleveurs en expriment le besoin, à l’exemple de Nabadji avec plusieurs dizaines de juments candidates à l’insémination. Dans ce cas, des étalons pur-sang, des techniciens et tout le matériel nécessaire sont déployés dans la localité cible pendant des semaines pour y offrir des prestations identiques à celles pratiquées au sein de la structure mère.
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