L’Afrique s’insère de plus en plus dans un enchevêtrement mondial de réseaux économiques illicites, selon des modalités à la fois anciennes et nouvelles. Aujourd’hui, le continent est régulièrement cité dans les médias dans les sujets portant sur les marchés criminels mondiaux et la criminalité organisée. L’accent y est souvent mis sur ce que l’on pourrait appeler la corruption organisée, la soi-disant « crise migratoire » suscitée par le trafic de migrants depuis l’Afrique du Nord et le Sahel, le braconnage d’animaux comme les rhinocéros et les éléphants en Afrique australe, la prolifération de nouvelles formes de fraude financière ou encore le commerce illégal de marchandises ou de drogues sur tout le continent.
En effet, l’économie criminelle africaine se distingue en particulier par sa diversité. Comment analyser l’expansion récente de ces marchés illicites et des réseaux connexes de criminalité organisée en Afrique ? Comment comprendre et mesurer leur effet sur des indicateurs comme la gouvernance, le développement économique, la réduction de la pauvreté, la sécurité humaine et la qualité de vie ? Quel est leur impact sur les conflits africains qui perdurent (et qui s’intensifient) et sur la violence ? Enfin, comment mener nos recherches afin qu’elles soient utiles au vu des innombrables difficultés auxquelles l’Afrique est confrontée en matière de criminalité ? Ce sont là les défis que le projet ENACT entend relever.
L’objectif d’ENACT est d’enrichir le socle d’informations factuelles sur la criminalité organisée et ses activités sur le continent par la recherche, le recueil de données qualitatives et quantitatives, l’engagement politique multisectoriel, la sensibilisation et le plaidoyer. Néanmoins, dès le début de ce projet, il est apparu clairement que l’évolution de la criminalité organisée en Afrique ne pouvait pas être appréhendée sans comprendre également les tendances plus larges de l’économie criminelle mondiale. C’est donc là l’objet du présent rapport.
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