Le mal du Sénégal, ce sont ces contingents de troubadours écœurants qui envahissent les plateaux de télévisions, de radios et de site internet avec des déclarations non réfléchies, cherchant à attiser le feu ou à mettre les citoyens, les uns contre les autres. Dans ce jeu de confusion et de perturbations, se mêlent des communiqués de presse de «droits de l’hommiste» aux engagements politiques monnayés, et d’ONG dites civiles corrompues qui pensent pouvoir imposer leur volonté satanique aux citoyens en quête de quiétude.
Ignorants de l’histoire politique du Sénégal et sans expérience, certains tentent de s’opposer à l’amnistie annoncée par le Chef de l’Etat Macky SALL dans sa volonté d’apaisement et de réconciliation. Un certain forum citoyen version Yewwi Askanwi semble être la locomotive de cette contestation anti amnistie. Ces gavroches prématurément portés à la tête d’ONG devraient d’abord interroger l’histoire du Sénégal qui n’est pas à sa première loi d’amnistie.
Le pardon et la réconciliation ont toujours été des marqueurs foncés dans l’annale de notre histoire politique. Ces vertus ont jalonné notre chemin dans notre marche vers une démocratie achevée. Le pardon est une qualité mais également une capacité de dépassement dont sont incapables, ces individus malveillants, à l’âme étouffée de haine. Ces faiblesses n’ont pas leur place dans une société civilisée.
Depuis 1960, plusieurs lois d’amnistie ont été votées au Sénégal pour oublier un passé douloureux et renforcer l’unité nationale. Dans le contexte politique actuel, le pardon est plus que nécessaire.
Je suis bien placé pour apprécier le bienfondé et la pertinence d’une telle initiative présidentielle. Après 12 ans à la tête du Sénégal, il s’agit pour le président Macky SALL de renforcer les fondements d’une société sénégalaise sans couture. Malgré les nombreuses fois qu’il a été injustement emprisonné, le président Me Abdoulaye WADE avait accordé son pardon à l’ensemble des caciques socialistes et à leur leader Abdou DIOUF.
Malgré les 14 mois passés injustement à la prison de Reubeuss, dans les geôles d’Abdou Diouf pour complicité d’assassinat de Me Babacar Seye, je n’ai jamais été animé par un sentiment de vengeance ou de haine, au contraire. Sans oublier Karim Wade, Khalifa Sall, Omar Sarr et j’en passe, qui ont su dépasser cette épreuve d’emprisonnement et pardonner.
J’ai été relaxé et blanchi car, les toutes les pistes connues ou cachées pour des raisons d’Etat, convergeaient vers d’autres auteurs très bien placés au sommet de l’Etat socialiste. Par ailleurs, pour la concorde nationale, l’ancien Ministre Abdoulaye Makhtar Diop et moi, avions réussi à organiser une rencontre secrète, trois mois après ma libération, un soir entre 23h et 03h du matin entre Me Abdoulaye WADE et Abdou DIOUF, chez l’actuel Grand Serigne de Dakar. J’en profite pour rendre un hommage appuyé à l’ancien ministre Abdoulaye Makhtar DIOP, un homme d’Etat, pour services rendus à la République du Sénégal.
Par conséquent, ces ONG alimentaires risquent d’investir toute leur énergie avec leurs bailleurs, sans réussir à freiner cet élan d’union nationale et de pardon, conformément à la volonté des Chefs religieux musulmans comme chrétiens.
A l’éminent Meissa DIAKHATE, Agrégé des Facultés de Droit, Directeur de Cabinet du Garde des Sceaux, j’emprunte ces extraits tirés de sa pertinente contribution consacrée aux lois d’amnistie votées au Sénégal.
Pour des raisons politiques et sécuritaires, le Sénégal a adopté des lois d’amnistie, dans l’unique but d’effacer un passé pénible.
RAPPEL DES LOIS D’AMINISTIE
i) L’ordonnance n° 60-32 du 18 octobre 1960 portant amnistie
Sont amnistiées les infractions commises au cours ou à l’occasion des événements énumérés ci-après : « 1° incidents de Tivaouane du 20 juin 1959 ; 2° Incidents de Fatick du 28 juillet 1960 »,
ii) Loi n° 64- 08 du 24 janvier 1964 autorisant l’amnistie
Pendant un délai d’un an à compter de la promulgation de la loi, pourront être « admis par décret au bénéfice de l’amnistie », « les auteurs ou complices d’infractions portant « atteinte à la sûreté intérieure et extérieure » de l’Etat avant le 1er avril 1962.
iii) Loi n° 67-05 du 24 février 1967 autorisant l’amnistie de certaines infractions
Pendant un délai de 6 mois à compter de la promulgation de la loi, pourront être « admis par décret au bénéfice de l’amnistie » des délinquants poursuivis ou condamnés pour des infractions consistant ou tendant à porter « atteinte à un intérêt politique de l’Etat ou à un droit politique des citoyens, ainsi que pour les infractions connexes ».
iv) Loi n° 76-21 du 19 mars 1976 portant amnistie de plein droit des infractions à caractère politique
Sont amnistiés de plein droit les crimes et délits ci-après, commis entre le 4 avril 1960 et le 24 février 1967, lorsque leurs auteurs n’ont pas déjà bénéficié des dispositions des lois n° 64-08 du 24 janvier 1964 et n° 67-05 du 24 février 1967 autorisant l’amnistie de certaines infractions : tous les crimes et délits politiques et, lorsqu’ils ont été déterminés en tout ou en partie par des motifs d’ordre politique, tous les crimes et délits contre la sûreté de l’Etat ainsi que tous les crimes et délits de droit commun, connexes ou pas, aux deux catégories précédentes.
v) Loi n° 81-18 du 06 mai 1981 portant amnistie
Sous réserve des dispositions de l’article 2 de la présente loi sont amnistiés de plein droit, les délits commis, pour des motifs politiques, entre le 31 décembre 1975 et le 31 décembre 1980.
vi) Loi n° 88-01 du 04 juin 1988 portant amnistie
Sont amnistiées de plein droit, toutes les infractions criminelles ou correctionnelles commises entre le 1er janvier 1982 et le 31 juillet 1987, au Sénégal ou à l’étranger, en relation avec les événements dits de Casamance.
vii) Loi n° 91-40 du 10 juillet 1991 portant amnistie
Sont amnistiées de plein droit, toutes les infractions criminelles ou correctionnelles commises entre le 1er août 1987 et le 1er juin 1991, tant au Sénégal qu’à l’étranger, en relation avec les évènements dits “de Casamance”.
viii) Loi n° 2004-19 du 21 juillet 2004 portant loi d’amnistie
Sont amnistiées de plein droit, toutes les infractions criminelles ou correctionnelles commises depuis le 1er juin 1991, tant au Sénégal qu’à l’étranger, en relation avec les évènements dans la région naturelle de Casamance, que leurs auteurs aient été jugés définitivement ou non.
iv)Loi n° 2005-05 du 17 février 2005 portant loi d’amnistie
Sont amnistiées, de plein droit, toutes les infractions criminelles ou correctionnelles commises, tant au Sénégal qu’à l’étranger, en relation avec les élections générales ou locales, ayant eu une motivation politique, situés entre le 1er janvier 1983 et le 31 décembre 2004 que leurs auteurs aient été jugés ou non.
En vérité, le pardon et la réconciliation sont les marques des grands hommes qui ont fait l’histoire du monde.
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