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Le Sénégal, pays de dialogue, de compromis, de compromissions et de protocoles

Le Sénégal, notre pays, vit des heures sensibles. Les populations sont dans l’émoi, certains dans le désespoir, d’autres dans la détermination et l’espoir de vivre dans un pays paisible, réconcilié sur la base de la vérité, de la justice, du respect de l’État de droit tant clamé urbi et orbi. La responsabilité de la classe politique dans cette atmosphère et cet état d’esprit ne fait l’objet d’aucun doute. C’est dans ce contexte de tous les scenarii possibles que le Sénégal bruit des sons d’un nouveau protocole.

Un éventuel protocole du Cap Manuel se profilerait à l’horizon. La mémoire collective reste vivace car il y a eu des précédents. Le protocole de Rebeuss nous cache encore son contenu. Les citoyens et électeurs que nous sommes en ignorent tout, bien qu’ils soient les faiseurs de dirigeants qui nous doivent leurs statuts et divers avantages. Les signataires de ce protocole nous sont redevables mais n’en ont cure. Nous en ignorons tout. Quid du protocole de Doha, avec un détenu sorti nuitamment des geôles et extradé en compagnie d’un procureur du Qatar ? Nul ne saurait le dire. Accusé de détournements de deniers publics à coup de milliards, le voilà contraint à l’exil forcé.

Et vint décembre 2023…Comme par enchantement, l’accusé est parmi les candidats à la magistrature suprême, au bénéfice d’un dialogue, d’autres diront deal-logue permettant de faire revenir certains acteurs dans le jeu politique. Avaient-ils détourné ou pas ? Les Sénégalais n’ont-ils pas le droit de savoir ? Où se situe la vérité ? Ont-ils été injustement accusés et condamnés, privés de leurs droits ? Sont-ils réellement fautifs ? Des questions à élucider. Les oreilles sont aujourd’hui tendues vers les rives du Cap Manuel. Il se susurre un autre protocole à l’initiative, entre autres, de celui qui a été qualifié il y a peu, d’escroc par la plus haute autorité du pays. Celui qui fut qualifié ainsi et jeté publiquement en pâture serait l’artisan du rapprochement entre deux hommes politiques : le Président de la République et son plus farouche opposant, sous les liens de la détention depuis des mois, au terme d’un feuilleton politico-judiciaire qui restera dans les annales avec ses épisodes de violences, de morts, de sang et de larmes. Le peuple Sénégalais mérite de savoir pourquoi et comment ce revirement s’est opéré pour que le médiateur d’aujourd’hui soit « l’escroc » d’hier. Un protocole découlera-t-il de cette médiation entre deux hommes politiques ? Les Sénégalais sont dans l’interrogation et l’expectative […].

Cela passe-t-il par l’amnistie des faits ? Ce serait un précédent dangereux, à l’exemple de la tristement fameuse Loi Ezzan qui pourrait être érigé en subterfuge à tout venant. La FIDH, l’ONDH et la RADDHO avaient saisi la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples pour exprimer leur désaprobation. Les Sénégalais ont besoin de paix, d’une paix durable qui ne peut se bâtir que sur le socle de la vérité et de la justice. L’amnistie ne saurait être un coup de grâce à la vérité ! Ce qui est sûr est que désormais les Sénégalais, surtout la nouvelle génération, ne se laisseront plus endormir.

Vive le Sénégal uni, prospère, fidèle à ses valeurs, à la vérité, à la justice et au respect de l’État de droit par toutes ses filles et tous ses fils.

Momar SOURANG, Président de la Commission Transport, Groupement Économique du Sénégal (GES)

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