L’Ong 3D a présenté ce 06 septembre 2022, en partenariat avec Oxfam, les résultats d’une étude sur la cartographie de la distribution des services essentiels inscrite dans le cadre du Programme Renforcement des bonnes pratiques et des mobilisations citoyennes en faveur de politiques publiques adaptées à la réduction des inégalités au Sahel. L’étude porte sur l’éducation, l’enseignement technique et la formation professionnelle ; la santé et l’hygiène publique ; l’eau et l’assainissement ; la sécurité publique. Elle a été effectuée en février 2022 sous la direction de Souleymane Astou Diagne et Ibrahima Cissé, tous deux docteurs en sciences économiques.
« Inégalité spatiale des infrastructures socio-économiques »
Selon La Tribune, il ressort de cette étude réalisée dans les régions de Dakar, Saint Louis, Thiès, Matam, Fatick et Kaolack, que malgré la dynamique de croissance positive, « le Sénégal enregistre des situations de grande pauvreté et de profondes disparités sociales ». Elles se manifestent notamment par la disparition progressive des mécanismes traditionnels de solidarité communautaire et une inégalité spatiale des infrastructures socio-économiques. L’Etat du Sénégal est invité à renforcer les efforts allant dans le sens de « favoriser une meilleure couverture des services publics essentiels de manière équitable et harmonisée à l’ensemble de la population ». Les auteurs font remarquer que l’étude a buté sur de nombreuses limites liées à la collecte des données auprès des services compétents. Il est donc recommandé que les institutions publiques centralisées et décentralisées accordent une importance à la collecte des données sur toutes les dimensions de leurs politiques économiques et sociales. « Nous avons remarqué dans le déroulement des enquêtes que de nombreuses mairies n’ont de données pointues concernant l’éducation, la santé, jeunesse et genre. Dans cette situation, il est difficile de calibrer l’intervention publique pour obtenir les résultats escomptés » notent les rédacteurs. Cette remarque fait d’autant plus sens que la répartition des services essentiels et la protection sociale des populations vulnérables sont censés constituer l’un des axes prioritaires des politiques économiques et sociales édictées dans le deuxième plan d’action prioritaire du Pse (Pap2A).
Déficit d’accès aux services sociaux de base, manque de planification territoriale
L’étude ajoute que dans le financement des projets structurants, les collectivités territoriales doivent diversifier leurs approches en incluant d’une part les mécanismes de financement des Ppp et d’autre part utiliser le financement communautaire et intercommunale pour construire des infrastructures sanitaires, sociales et économiques capables de booster le développement économique local. De la même manière, l’étude invite l’Etat central, dans le pilotage du développement économique local, à créer des outils de gestion ou établir un tableau de bord indiquant les résultats des différentes politiques économiques et sociales et les gaps à résorber. « Il est important de souligner que nous sommes en déficit important concernant l’accès aux services sociaux de base (éducation, santé, accès à l’eau et assainissement, jeunesse et genre) mais au demeurant il manque une planification territoriale avec des indicateurs vérifiables pour rapprocher les citoyens de leurs droits économiques et sociaux » assurent les auteurs.
« Il y a pas mal de manquements qui sont constatés du nord au sud, d’est en ouest »
« Nous avons réalisé cette étude dans une douzaine de collectivités territoriales : des communes urbaines, mais également des communes rurales. A travers cette étude, nous avons pu constater que jusqu’à présentil y a énormément d’inégalités en termes de santé, en termes d’éducation mais également de protection sociale. Et c’est ça qui nous pousse aujourd’hui à dire que même si l’Etat fait énormément d’efforts dans ces secteurs-là, il est important, et nécessaire, de pouvoir renforcer l’offre de services publics dans les secteurs sociaux de base (…) Il y a pas mal de manquements qui sont constatés du nord au sud, d’est en ouest, en termes de gestion des collectivités territoriales. Le consultant a pu donner plusieurs recommandations, à la fois à l’Etat central, aux collectivités territoriales et aux organisations de la société civile que nous sommes. Nous allons nous approprier ces différentes recommandations pour bâtir un plan d’actions pour aller vers les autorités locales comme nationales pour voir comment trouver une solution pérenne pour que ces offres de services essentiels soient assurées pour les communautés ».
THIALY FAYE, RESPONSABLE DU PROGRAMME JUSTICE ECONOMIQUE A OXFAM
Source : La Tribune
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