LE MOT DU PRESIDENT CHEIKH FALL
Résilience ! C’est le mot qui décrit le plus notre état d’esprit et notre disposition à travailler pour la bonne gouvernance, la transparence et la démocratie en Afrique en utilisant le numérique. On ne compte plus les vagues de Covid-19 parce que cette maladie à coronavirus est devenue endémique. Malgré les contraintes toujours en vigueur liées au déplacement et autres restrictions, AfricTivistes a su s’adapter. Mieux, elle a renforcé sa dynamique de co-construction et de collaboration qui, d’ailleurs, a toujours été une viatique pour l’organisation. L’inclusion des jeunes africains, tout bord confondu, dans les projets AfricTivistes a pris une dimension non négligeable dans le déroulement de nos projets. Pour une première, l’organisation a envoyé des jeunes volontaires africains hors de leur pays pour servir des communautés. Ils ont aidé à expérimenter l’intégration du numérique dans les systèmes de gouvernance locale dans quatre pays de la région ouest-africaine. Conscient des enjeux des TIC dans l’évolution du monde ainsi que du gap à combler par nos collectivités en ce sens, AfricTivistes a décidé d’accompagner des municipalités avec de solides outils numériques pour une gouvernance inclusive et participative. En plus de nous donner une lueur d’espoir, 2021 nous a enseigné que le sens des intérêts communs, la force de la résilience, l’apport inestimable de la technologie, et l’avancée de la science constituent des réponses structurelles aux questions de l’heure et aux interpellations quotidiennes. Des vaccins ont permis à l’humanité de respirer. Une prise de conscience collective nous a permis de comprendre le sens de la responsabilité individuelle et collective. Chez AfricTivistes, 2021 nous a enseigné qu’on devait être plus à l’écoute des populations pour qui nous œuvrons, plus attentifs aux instruments légaux qui régissent nos sociétés ainsi qu’une priorité pour les jeunes femmes et hommes de notre continent. Cette année, les coups d’Etat et les instabilités politiques et institutionnelles en Afrique sont venus réduire tous les efforts effectués jusque-là pour préserver la démocratie dans le continent. Les défis restent toujours immenses et la sensibilisation des forces vives africaines est une exigence pour prévenir les crises ou les gérer en cas de survenance en respectant les chartes et textes fondamentaux en vigueur. Nous sommes convaincus que les communautés et les acteurs doivent être davantage sensibilisés sur l’existence de mécanismes ou d’instruments juridiques comme la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance (CADEG). Dans un contexte d’instabilité politique caractérisé par des putsch qui prennent des proportions inquiétantes, AfricTivistes opte pour la vulgarisation des engagements contenus dans la CADEG. Les défis sont énormes en Afrique et à tous les niveaux, particulièrement ceux concernant la réduction des inégalités. Des disparités criardes sont notées en ce qui concerne l’accès aux services essentiels qui privent des millions d’Africains de bonheur et poussent la plupart d’entre eux à vivre dans la misère. La perpétuation de ces inégalités est due en partie par les mauvaises politiques, notamment un sous-investissement dans les secteurs prioritaires : accès à l’eau, à l’électricité, aux services de santé (couverture sanitaire, personnel et matériel), à l’éducation de qualité, etc.
La situation est plus complexe dans le Sahel où les défis environnementaux et sécuritaires sont immenses. Cette atmosphère de terreur, loin de régler ces préoccupations précitées, amplifie les situations de précarité. L’enjeu reste alors l’acceptation et la priorisation de ces défis à tous les niveaux de décision, mais également la collaboration et l’inclusion des acteurs de la société civile et des autorités locales dans les politiques publiques. La jeunesse africaine doit être la première engagée sur le terrain pour y faire face. Cela nécessite cependant une préparation, une compréhension des problématiques majeures du continent et des enjeux que cela représente. D’où l’importance de former les jeunes africains sur des thématiques telles que les inégalités dans le sahel. 2021, c’est aussi l’année de la maturité pour AfricTivistes qui malgré les vicissitudes de la vie rendue complexe par la pandémie Covid-19 a finalement organisé le 3eme sommet AfricTivistes à Abidjan sous le thème : “Promouvoir le développement et la gouvernance démocratique de l’Internet en Afrique”. L’événement devait se tenir à Nairobi avant d’être déplacé à Abidjan à cause des fortes mesures de restrictions sanitaires prises par les autorités kényanes pour faire face à la recrudescence des cas de Covid-19 dans le pays. Tout compte fait, ce Sommet nous a permis d’estimer mais aussi et surtout d’apprécier comment les jeunes acteurs de changement du continent étaient engagés autour de la cause AfricTivistes. 22 pays ont été représentés. 20 institutions et partenaires ont rehaussé l’événement par leur présence. 120 participants ont assisté à la cérémonie d’ouverture et 111 participants aux panels d’ouverture. 30 experts et personnes ressources ont également fait le déplacement. Ce Sommet a été l’occasion de s’interroger sur les scénarios des futurs possibles pour le développement d’internet ainsi que les civic tech en Afrique. Il a permis de réfléchir sur les différentes questions liées aux mécanismes systémiques et institutionnels de gouvernance d’internet pour un écosystème plus juste et plus respectueux des droits humains. Notre conviction, c’est que l’Afrique, ayant subi les trois précédentes révolutions industrielles qui ont façonné le monde, ne devrait plus commettre les mêmes erreurs d’être un simple spectateur et éternel consommateur. Nous ne devons nullement subir la révolution numérique. Tirant des leçons des deux dernières années, nous devons nous unir davantage pour qu’ensemble nous mettions notre force de proposition au service de la co-construction afin d’inciter nos Etats à prendre garde aux risques liés à l’absence de souveraineté numérique ainsi qu’aux cyber-menaces qui pourraient nous guetter. Nous devons ainsi orienter les politiques publiques sur des règles d’éthique et d’accompagnement structurel de cette transformation digitale. Tout cela n’est possible que dans un processus de gouvernance qui s’appuie sur le respect de l’Etat de droit, la promotion de la démocratie participative et la loyauté républicaine. Ceci traduit notre vision d’une Afrique émergente.
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