Malgré un large éventail d’innovations agrotechnologiques susceptibles de propulser les agriculteurs africains vers la rentabilité, seuls 23 % des jeunes travaillant dans l’agriculture utilisent une forme quelconque de technologie agricole, révélant un manque de financement et de formation, selon une nouvelle enquête de Heifer International (www.Heifer.org) menée dans 11 pays africains.
Le rapport « L’avenir de l’agriculture africaine : une évaluation du rôle des jeunes et de la technologie (https://bit.ly/3yEWJeA) » publié à l’occasion de la Journée internationale de la jeunesse, fournit les témoignages de près de 30 000 jeunes Africains et un suivi de centaines d’agriculteurs et d’organisations agricoles. Il souligne la nécessité de nouveaux investissements afin de promouvoir l’accès à des innovations susceptibles d’encourager les jeunes Africains désintéressés aujourd’hui par l’agriculture à reconsidérer les opportunités offertes par la filière – compte tenu notamment de la nécessité de générer des emplois et de réparer les systèmes alimentaires mis à mal par la pandémie.
« Alors que le continent possède une jeune population florissante, le secteur agricole africain doit investir dans des innovations agrotechnologiques et encourager les jeunes à lancer des initiatives liées à l’agriculture, essentielles pour la revitalisation du système alimentaire africain », a déclaré Adesuwa Ifedi, vice-présidente principale des programmes africains chez Heifer International. « Mais comme le révèle ce rapport, l’Afrique ne fournit ni le financement ni la formation nécessaires pour s’assurer que ses jeunes ont un accès facile aux outils de haute technologie agricole – notamment des drones, des capteurs de sol de précision et des services numériques aux agriculteurs – qui transforment la production alimentaire dans le monde entier. »
Près de 29 900 jeunes, 299 petits exploitants agricoles et 110 jeunes pousses de technologie agricole, plates-formes d’innovation et organisations technologiques en Éthiopie, au Ghana, au Kenya, au Malawi, au Nigeria, au Rwanda, au Sénégal, en Tanzanie, en Ouganda, en Zambie et au Zimbabwe ont été interrogés dans ce rapport, qui identifie les difficultés des communautés de petits exploitants et les domaines offrant un potentiel d’innovation et de croissance.
L’enquête fournit également des informations sur la façon dont la pandémie affecte les agriculteurs africains. Environ 40 % des organisations agricoles interrogées déclarent avoir été contraintes de fermer au moins temporairement en raison de la pandémie ; 38 % ont enregistré une réduction du panier moyen par client ; et 36 % ne disposent pas encore du capital financier nécessaire pour relancer la croissance de leurs entreprises.
« L’engagement des jeunes dans l’agriculture sera essentiel pour se relever des impacts économiques de la pandémie, et pour rajeunir le système agroalimentaire africain tout en développant des opportunités économiques pour les jeunes Africains », a ajouté Adesuwa Ifedi.
Malgré les problèmes rencontrés, le rapport dévoile également les nombreuses façons dont les jeunes entrepreneurs africains développent des outils et services agrotechnologiques créatifs et utiles pour les petits exploitants. Il mentionne de nombreux jeunes innovateurs qui stimulent la productivité et les profits agricoles grâce à l’intelligence artificielle, la télédétection, les logiciels de systèmes d’information géographique (SIG), la réalité virtuelle, la technologie des drones, la technologie d’interface de programmation d’applications (application programming interface – API) et de nombreux outils de précision permettant de mesurer les précipitations, contrôler les nuisibles et analyser les éléments nutritifs des sols.
Par exemple, une société au Ghana (https://bit.ly/3yF8uBR) fournit des drones offrant des applications de précision pour pesticides et engrais – en servant notamment de « drones épouvantails » – et une entreprise au Kenya permet de se procurer un tracteur (https://bit.ly/3jPHDN8) aussi facilement que de réserver un Uber. Adesuwa Ifedi a noté que ces projets ainsi que d’autres explorés dans le rapport illustrent le potentiel de mise à profit de l’innovation « maison » pour accélérer une transition stratégique vers une agriculture durable et rentable en Afrique.
Plus de la moitié de la population rurale africaine travaille dans le secteur agricole. Les jeunes de moins de 25 ans représentent environ 60 % de la population du continent, et une grande proportion des 1,8 milliard de jeunes dans le monde âgés de 10 à 24 ans vit en Afrique, d’après l’Organisation des Nations Unies. Malgré la migration des jeunes vers les régions urbaines, le rapport constate qu’ils souhaitent toujours intégrer le secteur agricole. Mais ils n’ont pas accès au financement ou à la formation nécessaires pour créer des entreprises capables de fournir des revenus stables et des carrières gratifiantes.
Le rapport identifie les points faibles et les besoins critiques pour aider les jeunes à adopter des technologies de pointe et bâtir des entreprises qui soutiennent l’agenda de la sécurité alimentaire et les systèmes agroalimentaires en Afrique. Il révèle que :
- L’accès au capital financier, le renforcement des capacités et l’accès à la terre renforceront l’intérêt des jeunes pour l’agriculture.
- Les petits exploitants agricoles adopteront des technologies de pointe si les outils sont abordables et s’ils peuvent recevoir une formation sur leur utilisation.
- Les innovations agricoles ont un pouvoir d’attraction pour tous les acteurs de la filière. Elles peuvent créer des opportunités pour des jeunes qui se désintéressent de l’agriculture, tout en augmentant durablement la productivité des petits exploitants, améliorant ainsi leurs moyens de subsistance et stimulant la croissance de l’économie en général.
Les répondants ont également mentionné les effets néfastes des chocs climatiques (30 %), des insectes, des nuisibles et des maladies (17 %) et des obstacles technologiques (14 %) sur la productivité agricole.
Le rapport documentera les investissements dans les technologies de pointe de Heifer Afrique, accélérant l’adoption dans les exploitations et la croissance des entreprises. Il orientera également les programmes de Heifer International en Afrique, y compris le défi « AYuTe Africa Challenge », qui investira jusqu’à 1,5 million USD dans des entreprises agrotechnologiques dirigées par des jeunes Africains en 2021.
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